Comme son nom l’indique, le cranson du Danemark vit sur le littoral danois mais pas seulement. On le trouve sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique, en montagne et dans la toundra. Plante de pays plutôt froids, donc, mais également plante amatrice de sel, raison pour laquelle elle prospère dans les prés salés et le long du littoral de l’hémisphère nord.
Que fait donc le cranson du Danemark, cette petite plante nordique amatrice de sel, le long des terre-pleins de la RN 184, dans la banlieue parisienne ?
C’est l’ingénieur-agronome Gilles Carcassès, chargé de la biodiversité en Île-de-France, qui a trouvé cette plante étonnante dans cet endroit incongru. Il a cherché comment le cranson du Danemark avait pu se retrouver si loin de son habitacle naturel, et cela l’a amené à reconstituer le parcours que voici :
Le cranson du Danemark doit sa migration au souffle des camions qui sillonnent l’Europe, projetant ses graines comme des grains de sable, et son expansion… au salage des routes. Le cranson a besoin de sel pour germer ; il utilise celui que les services de la voirie lui fournissent obligeamment. La plante fleurit, donne des graines minuscules. Ensuite, de souffle de camion en souffle de camion, ces graines volent, se déplacent, et la petite plante progresse à l’intérieur de notre pays à raison de 30 kilomètres par an.
Aucun mystère, pas de jardinier altruiste et téméraire pour répandre une petite graine venue du bord de l’océan sur le terre-plein d’une route où personne ne songerait à s’arrêter ; seule notre civilisation centrée sur le transport des marchandises par camions est responsable de cet étrange petit miracle.
De l’art de trouver de la beauté où on ne l’attend pas et du hasard comme médiateur…
Merci pour cette nouvelle découverte
La nature a une incroyable faculté à s’adapter , se régénérer, se transformer. L’interview de Gilles Carcasses nous montre le travail de recherche appliqué de ceux qui œuvrent afin de trouver des solutions et alerter les populations sur le respect de la biodiversité, ou comment en quelque sorte concilier notre empreinte dans l’environnement avec la nature.
Il y a quelques années, j’ai eu l’opportunité de rencontrer lors d’une conférence sur la biodiversité un des pionniers de l’agriculture biologique qui est Pierre Rabhi. Son engagement, sa vision m’intéresse et me conforte dans le sentiment que l’avenir de notre monde dépend en grande partie de nos actions quotidiennes pour changer notre façon d’exploiter la terre et respecter la nature afin de participer à la continuité de la vie.
En lien un débat intéressant de l’université de la terre sur le thème « Bâtir une nouvelle société en plaçant l’homme au cœur des débats » : https://www.youtube.com/watch?v=sNTEKhtcOTg