Archives de catégorie : Société

Plautilla Nelli femme peintre de la Renaissance

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En ce temps de Pâques, je vous propose une Cène unique au monde. Elle a été peinte par une artiste du XVIe siècle, Plautilla Nelli (1524-1588). Cette sœur dominicaine issue d’une riche famille de marchands florentins a peint à l’huile la seule Cène connue peinte par une femme.

Détail de la Cène de Plautilla Nelli, domaine public, via Wikimedia Commons

Le tableau est immense, presque sept mètres de long sur deux mètres de hauteur (670 × 195 cm exactement) et il était très endommagé lorsqu’il a été découvert. En cliquant sur le tableau, vous verrez la Cène en grand et vous pourrez en admirer tous les détails. Son étrangeté devrait vous surprendre : cette Cène ne ressemble pas aux autres, celles que tant d’artistes de la Renaissance ont imaginée. Continuer la lecture

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Histoire d’Adèle H, compositrice empêchée

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Voici enfin venu le moment de la mise en valeur des compositrices empêchées, écrasées par le génie de leur mari (Alma Mahler, Clara Schumann) ou de leur père (Adèle Hugo). Ces Grands Hommes ne supportant pas la concurrence disposaient des moyens nécessaires pour limiter une création qui aurait pu faire ombre à la leur.

J’aimerais vous parler d’Adèle Hugo – la fille cadette du grand Victor – dont certaines œuvres, les Mélodies, ont été jouées en première mondiale à Besançon, lieu de naissance de son illustre père, le trente-et-un mars, et le seront aussi à Dole le deux avril. Les partitions seront jouées par une cinquantaine de musiciens de l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté avant une série de rencontres autour d’Adèle Hugo. Il y aura également un enregistrement des Mélodies par un collectif de grands noms de la scène lyrique française. Juste revanche pour celle dont la créativité et la personnalité ont été écrasées par le génie autocratique paternel.

Vous n’avez peut-être jamais entendu parler d’Adèle autrement que par le film de François Truffaut L’Histoire d’Adèle H., avec une Isabelle Adjani habitée par le rôle. La cadette de Victor, cette pauvre folle était compositrice ? On a retrouvé ses partitions dans une malle où elles dormaient depuis cent-cinquante ans ? Comment cela est-il possible alors que l’on pensait tout connaître de la famille Hugo, patrimoine national ?

N’allons pas trop vite et commençons par le jeu de la famille. Continuer la lecture

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Le monde d’Hannah et ses douloureux fantômes

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Ce roman paru en 2011 recrée le monde d’avant-guerre de la communauté du quartier populaire du XIe arrondissement où se mélangent sans conflit apparent immigrants juifs d’origine espagnole et turque avec les Français modestes dits « de souche ».

Ariane Bois possède un talent particulier pour rendre l’atmosphère de ce quartier populaire surnommé le « petit Istanbul ». Hannah a huit ans et découvre l’amitié avec Suzon. Nous accompagnons sa vie comme si nous y étions, le texte est d’une grande puissance d’évocation. Les grands-parents maternels d’Hannah, ses parents Cécile et Haïm, les voisins, les cafés et les gens au travail, tout cela est extrêmement vivant. C’est un plongeon dans un univers bruissant qui va disparaître brutalement. Continuer la lecture

Le monde d’Hannah
Ariane Bois
R. Laffont, octobre 2011, 288 p., 19 €
ISBN : 978-2-221-12592-2

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La disparition programmée d’un symbole culturel

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Voici venu le temps – fin mars début avril – où les familles japonaises se déplacent en masse pour célébrer la courte saison des cerisiers en fleurs et pique-niquer sous leurs frondaisons. C’est l’hanami, un des moments importants de la vie japonaise. Cet attachement des Japonais à la nature n’a rien d’un folklore, il est signe de la force du lien entre amour de la nature et spiritualité. La signification profonde de ce qui est devenu un argument de vente pour les voyages touristiques nous échappe. Tout est spiritualité, tout est signe de l’instabilité du monde au Japon. Saisir le moment exact du changement des saisons (très marquées dans ce pays) permet de construire des repères dans le temps de sa propre vie.

C’est l’essence même des haïkus, ces poèmes très courts qui font partie du socle de la culture de l’archipel nippon. Dix-sept sons pour happer un instant d’éternité dans cette vie qui toujours nous fuit. Un concentré de l’amour de la vie et de la nature, de l’attention aux éléments et à leur impermanence. Tout change, tout passe, et l’inscription fugace d’un instant dans un poème aussi court crée un sentiment d’éternité et d’éphémère.

Tant de mots sont codifiés pour évoquer un infime changement de saison :  une nuance de couleur dans les feuilles des arbres ou une variation dans le rythme de la pluie ! Ces mots appelés kigos sont consignés dans un dictionnaire particulier, le saïjiki. Tout haïku contient au moins un kigo. Cette forme poétique existe depuis le VIIIe siècle, elle est un pilier de la culture du pays depuis le XVIIe siècle, moment des plus grands poètes comme Basho. Les haïkus, pour ceux qui pratiquent cet art, c’est une façon de faire partie de l’univers, de relier la fragilité de l’instant et l’éternité de la nature.

Pluie de printemps

Toute chose

Embellit.

(Chiyo-Ni, 1703-1775)

Arrive la plénitude de l’été :

L’étang, là, calme, ancien !

Une grenouille a sauté de la berge.

L’éclaboussure retentit.

(Matsuo Basho, 1644-1694)

Instants fugaces, beauté et éternité de la nature, tous ces poèmes qui comblent l’angoisse des Japonais depuis des siècles vont connaître le vacillement de leurs principes.

Rien ne dit

Dans le chant de la cigale

Qu’elle est près de sa fin

(Matsuo Basho)

Au Japon comme ailleurs les saisons commencent à connaître le grand bouleversement du changement climatique. Les saisons très marquées il y a peu se mélangent, se fondent les unes dans les autres. Déjà l’hiver n’est plus si rigoureux, déjà le vert délicat des feuilles au tout début du printemps devient fugace : comment écrire des haïkus avec des kigos vidés de leur substance ?

Les poètes japonais devront trouver d’autres mots pour dire, en dix-sept sonorités, leur désarroi devant la disparition de leurs points de repères dans ce monde qui s’effondre.

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Cambrioleurs distraits 2

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Dans l’état du Colorado le cannabis récréatif est légal depuis 2014. Chaque citoyen de plus de vingt-et-un ans peut en acheter une once, soit 28,3495 g très exactement, chez un détaillant autorisé.

Étaient-ils distraits, stressés, stupides, très jeunes ou tout cela à la fois, les malfrats qui, en 2018, ont employé les grands moyens pour cambrioler un dispensaire de cannabis ? Projeter une voiture-bélier (un mini-van sans doute volé) dans la vitrine de l’établissement avant de repartir en courant à toutes jambes avec le butin, fait pencher la balance en direction d’une extrême jeunesse, tout comme le produit de leur casse, plusieurs t-shirts et des cartons remplis d’herbe.

Les dits cartons ne contenaient que de l’origan, les produits à base de cannabis se trouvant dans le coffre du dispensaire. Les voix du Seigneur sont impénétrables. Il leur a fait comprendre d’originale façon qu’une carrière de pizzaïolos se déployait devant eux.

 

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