Je veux une vie…
Voici le souhait de Boris Vian, mais vous, quelle vie voulez-vous ?
Commencez votre poème par « Je veux une vie » autant que vous le voudrez !
N’hésitez pas à délirer, rêver, rire ou émouvoir, selon votre humeur du moment :
Je veux une vie en forme d’arête
Sur une assiette bleue
Je veux une vie en forme de chose
Au fond d’un machin tout seul
Je veux une vie en forme de sable dans des mains
En forme de pain vert ou de cruche
En forme de savate molle
En forme de faridondaine
De ramoneur ou de lilas
De terre pleine de cailloux
De coiffeur sauvage et d’édredon fou
Je veux une vie en forme de toi
Et je l’ai, mais ça ne me suffit pas encore
Je ne suis jamais content
Boris Vian, « Je veux une vie en forme d’arête » extrait de Dernier recueil.
Je veux une vie en Arpèges sur papier libre et délié,
Pas de reliure, pas de soufflet, ni de cuir pour me scintrer.
Une vie simple mais boursouflée de l’intérieur,
De mille feux, mille éclats étonnés de se renouveler sans cesse.
Une vie à califourchon, un pied dans la forêt d’Amazonie, un pied dans le désert.
Une vie qui me siérait telle une ombre collée mieux que la peau, à mes os.
Une vie tonitruante avec des silences de tonnerre de Dieu.
Une vie étonnée d’être en vie au point de se fâcher en querelles d’amoureux.
Je veux une vie.
Une vie à escalader les montagnes bleues d’Australie, à désescalader la Muraille de Chine.
Une vie à peindre les non-dits, à transgresser les croches et les soupirs.
Je veux une vie pleine d’hystérie, pleine comme la lune, froide comme un baiser glacé.
Je veux une vie à compter sur les colibris, les lombrics, et les hirondelles aussi.
Je veux une vie en Si qui donne le La en provenance d’un violon tsigane.
Et puis si cela ne suffit pas je veux une VIE en majuscules
la Cinquième peut-être interprétée avec maestria.
Annick Dantzer
25/04/2020
Merci Annick pour ce très beau poème, et merci pour le clin d’oeil à papiers d’arpèges!
Je veux une vie pleine de cons… finement éliminés. Une vie plus intelligent des vérités premières, troisièmes et multi facteurs.
Je veux une vie d’éclats d’eau bue écoulant dans mon gosier un nectar explosif d’alcools forts et décapants.
Je veux une vie de vérité, bas les masques, fini les mensonges qui sont de vrais virus des relations. Que chacun dise réellement ce qu’il pense véritablement et même ce qu’il ne pense pas.
Je veux une vie à défrayer la chronique, à décorner les bœufs de Camargue, à remplir les stades de fêtes jusqu’au bout de la nuit et même bien au-delà. Une vie de prince des ténèbres au royaume des lumières incendiaires.
Je veux une vie où seront éradiqués les mortels ennuis, les repas de famille déprimants à cause du vin rosé, lequel sera définitivement supprimé au profit du Beaujolais nouveau vieillissant.
Je veux une vie après ma mort, vécue à tombeau ouvert, où je pourrais me venger de la pire manière qui puisse être de tous ces empêcheurs de tourner en ovale, qui furent carrément des parasites dignes du carré d’hypoténuse. Je les compterai tous mathématiquement sur les 14 doigts de ma main osseuse et décharnée.
Ainsi tout sera définitivement accompli !
Que voilà une belle vie, menée à tombeau ouvert, à la fois très virile, pleine d’humour et de force.