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Fin du confinement des vaches

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C’est un meuglement qui m’a alertée la semaine passée. Dans le grand pré qui domine notre maison et qui s’appelle la Pension, les vaches s’agitaient comme des enfants surgissant dans la cour de récréation : et que je cabriole, et que je cours, et que j’exerce mes pattes engourdies par des mois de confinement dans l’étable !

Certaines se hasardaient à des divertissements nettement moins enfantins et se chevauchaient en un désir confus que l’insémination artificielle avait fourvoyé. D’autres encore, placides, commençaient très vite à brouter l’herbe tendre après tout ce foin ingurgité pendant la saison froide. Avaient-elles connu des rêves de printemps alors qu’elles avaient à peine besoin de se pencher vers la mangeoire ? Si proches les unes des autres, dans la chaleur et l’intimité de l’écurie, soumises au rythme des soins et de la traite, leur placidité leur permettait d’attendre ce moment où les portes de l’écurie s’ouvriraient grand sur le soleil, et la douceur, et l’herbe reverdie.

J’aime ce moment où les vaches retrouvent le pré et meuglent d’une manière particulière, comme si l’hiver n’existait plus, comme s’il ne reviendrait plus, remplacé par l’espace, le soleil, et l’herbe grasse. Les bêtes dans la Pension vibrent d’une effervescence unique ; bientôt ce moment de jubilation se calme puis s’éteint. Les vaches redeviennent de placides ruminants, tôt dans l’après-midi elles vont se masser devant le passage qui les mènera à l’écurie. Nostalgie de l’espace clos où la nourriture est facilement accessible ? Envie de la traite ? Comment savoir…

Dès le lendemain tout est rentré dans l’ordre. Les vaches se suivent à la queue-leu-leu en direction de leur prochaine pâture. Toutes les vaches ? Pas tout à fait. Au bout d’un moment mon mari qui travaille dans le potager voit passer notre jeune voisin avec une vache.

— Elle est restée endormie, assure-t-il, un sourire au coin des lèvres.

La vache curieuse

La vache endormie est vraiment curieuse

Nous ne résoudrons pas plus l’énigme de cette vache solitaire : à la campagne on aime rire et les trouvailles ne manquent pas de saveur. Cette vache soi-disant restée endormie, c’est comme un enfant ou un adulte qui aurait pris ses aises pendant son propre confinement et qui peine à recouvrer le train-train quotidien après la période exceptionnelle que nous sommes en train de vivre.

Les vaches, de leur côté, connaissent un confinement annuel, ce qui leur apporte une sorte de supériorité sur les humains. Reste l’ivresse de ce premier moment après l’enfermement.

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