XXI, la revue qui éclaire le siècle

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Les actualités nous inondent chaque jour comme un grand fleuve dont nous ne retenons que fort peu d’événements : le trop-plein, l’instantanéité des nouvelles du monde, leur traitement pléthorique mettant sur le même plan la crise de l’Ukraine et la disparition d’un adolescent en montagne fabriquent de l’oubli et de l’indifférence. Nous ne retenons pas grand-chose de la rumeur du monde.

A contre-courant de cette indifférence programmée, la revue XXI qui se présente comme un monolithe de science-fiction sur le coin gauche de sa page de couverture  est l’antithèse du courant médiatique.

Tout d’abord, pour bien marquer sa différence, cette revue ne se trouve qu’en librairie ou par abonnement – et pas de réduction, on paie le même prix qu’en librairie – ce qui est une décision citoyenne. Cet objet hybride de deux cents pages entre le livre et la revue et qui coûte le prix d’un livre (15 euros 50)  ne contient aucune publicité.

Et ça marche, une revue si chère qu’on ne trouve pas au kiosque du coin ? XXI a été bénéficiaire dès le premier numéro. On s’y plonge pendant des heures, on y revient, on range les exemplaires dans un coin de sa bibliothèque, jolie tranche colorée immédiatement identifiable, les numéros écrits en gros, leur saison et leur thématique aussi.

Pas de publicité. Un papier épais, un format A4, un peu plus de 2oo pages de reportages qui ont pris des mois, sinon des années, des photos en couleurs, des reportages graphiques, une grande variété de tailles typographiques : tout est fait pour le confort et l’attention du lecteur actuel, facilement rebuté par le pavé austère.

Brillant comme idée, tout sauf un accès de rage contre le numérique et le zapping mais une analyse fine des besoins des lecteurs qui se fatiguent de l’overdose d’information et veulent réfléchir au sens de l’actualité, à son implication dans leur vie.

Bande dessinée ? actualité ? magazine de société ?

Un peu tout cela à la fois, mais surtout une formidable leçon de qualité et d’optimisme.

Chaque saison apporte son thème, son témoignage mis en bande dessinée, son lot de reportages au long cours et d’investigation. Je me régale. L’écrivain admire : chaque récit pourrait à lui seul être considéré comme un roman, seulement il s’agit de vies d’êtres humains qui sont allés au bout de leur passion et de leur obstination. Parfois un peu fous, presque toujours d’un courage qui laisse pantois.

L’optimisme fondamental du concept – ne ratez surtout pas leur rubrique Ils font avancer le monde – l’immersion dans les reportages hors de l’actualité immédiate mais radiographie de notre vingt-et-unième siècle et la force des mots et des créations graphiques séduisent les lecteurs.

Vingt-et-un a fêté ses cinq ans le 20 janvier, preuve que le pari du concept novateur est gagné. Cette immersion dans notre siècle, centrée non sur les événements mais sur la façon dont les hommes les vivent, leur résistent ou les accompagnent est présentée de manière tout à fait originale. Mélange de thématiques qui peuvent être lues comme de mini romans et de récits graphiques mettant en bande dessinée une expérience singulière, XXI me fascine.

Vous qui éprouvez le besoin de comprendre la chair du monde, découvrez de toute urgence ce concentré d’humanité en marche et de talent journalistique.

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