Le koala tueur

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Le Koala tueur
Crédit Editions Autrement

Amateurs d’écrivains patauds à l’ego sous dimensionné et d’aventures loufoques et dangereuses, précipitez-vous sur Le koala tueur et autres histoires du bush le recueil de nouvelles de Kenneth Cook aux éditions Autrement.

Calé dans votre fauteuil, vous éclaterez d’un rire nerveux puis homérique devant les pérégrinations du narrateur, expert en expéditions foireuses dans une brousse dangereuse et inattendue où son flegme et sa naïveté sont mis à rude épreuve.

L’outback australien de Kenneth Cook abonde en serpents mortels, crocodiles en rut ou mangeurs d’hommes, koalas et cochons plus dangereux qu’un taureau blessé et autres chameaux à l’haleine tueuse. Quant aux humains qui le peuplent, imbibés de bière ou couverts de poussière rose, mineurs d’opale ou aborigènes roublards, chercheurs d’or ou braconniers de crocodiles, leur absence de scrupules ou leur folie participent à la démesure.

Ce tableau aurait pu être terrifiant.

C’est sans compter le narrateur : « Je dois préciser que je suis un homme d’âge moyen qui mène une vie plutôt sédentaire, évite soigneusement tout exercice qui présente toutes ses histoires comme véridiques, s’adonne à des abus de nourriture et d’alcool. Autrement dit, je suis gros et en très mauvaise forme physique ».

Rien d’un aventurier, donc.

Au moral, le portait n’est pas tellement plus flatteur : naïf, embarqué malgré lui dans des tribulations plus hilarantes les unes que les autres, qu’il donne un lavement à une éléphante constipée ou tire un ivrogne loin de la cage de serpents où il cuve son alcool, Kenneth Cook est un peureux courageux et un incomparable narrateur.

Kenneth Cook le maladroit magnifie son pays avec ses litotes renversantes et son humour pince-sans-rire : «  L’un des mythes répandus sur l’Australie, c’est qu’elle n’abrite aucune créature dangereuse, hormis les crocodiles, les serpents et les araignées. C’est faux. Il y a des aborigènes et des chameaux. Individuellement, ils sont redoutables. Ensemble, ils sont quasi mortels. Ils sont deux qualités communes : une conscience ineffable de leur supériorité (malheureusement tout à fait fondée) et un mépris total de mon bien-être personnel ».

Vous allez rire comme cela ne vous est pas arrivé depuis longtemps avec cependant, ici ou là, furtivement, une impression de malaise. La pauvreté sinon la misère d’un certain nombre d’humains, l’ennui qui mène à des situations qui pourraient être mortelles, le danger de cet arrière-pays immense transparaissent d’une manière quasi inconsciente.

Kenneth Cook est mort alors qu’il campait dans le bush, l’histoire ne dit pas ce qui a provoqué sa crise cardiaque, fou-rire ou frayeur, dans la solitude et l’immensité qu’il savait si bien décrire.

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