Cet étrange sentiment de familiarité

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amende anglonormandeTicket de bus de Guernesey : Bianvnu a bord

Ticket de bus de Jersey : Bouonjour a bord d’la beusse

Cela ressemble à un français d’un autre temps, c’est du guernesiais et du jersiais qui n’est plus beaucoup parlé depuis la seconde guerre mondiale.

Une bonne partie des enfants des îles ont été envoyés en Grande-Bretagne avant leur occupation par l’armée allemande et leur tardive libération par les alliés. Occupation qui a laissé partout des traces sous formes de bunkers et autres souterrains tout au long de la côte et surtout dans la mémoire des îliens.

cercle littéraire Si le sujet vous intéresse, je vous conseille le très joli livre Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows qui relate l’occupation de Guernesey avec beaucoup d’humour malgré le tragique de la situation.

Après la victoire des Alliés et le retour des enfants, le français a été interdit à l’école et remplacé par l’anglais obligatoire. Désormais presque plus personne ne parle français ou normand dans les îles anglo-normandes qui ont connu une autre invasion, celle des exilés fiscaux et des employés de la finance de la City.

Mais la langue normande subsiste dans les noms de lieux ou de rues, les annonces comme celles qui sont présentées au début de ce billet, un peu partout un mélange savoureux qui constitue une des spécificités de ces îles.Quant au français il subsiste sur les façades des maisons : Maison de l’Est, Maison du Bois…

Guernesey et Jersey doivent leur nom aux Vikings à qui elles appartenaient avant que Guillaume Longue-Epée devienne comte de Coutances en 933, les faisant ainsi entrer dans le duché de Normandie.

Ni à la France ni à l’Angleterre, donc, malgré les allégeances à l’une ou l’autre selon les vicissitudes de l’histoire, après la disparition du duché de Normandie.

Lorsqu’on visite les différents musées on est toujours surpris par l’insistance des anglo-normands à signifier leur fidélité à la couronne d’Angleterre. Fidélité mais pas fusion : Guernesey possède sa propre monnaie, Jersey aussi. Les deux étant équivalentes à la devise britannique, cependant on tient à montrer que l’on n’est pas vraiment en Grande-Bretagne. La reine d’Angleterre porte le titre de duc de Normandie, titre traditionnel mais significatif de la singularité des îles par rapport au pouvoir anglais.

Dans ces îles magnifiques, à la fois sauvages et policées, on se sent plongé dans un monde parallèle, un peu comme celui de la magie d’Harry Potter : les privilèges féodaux de Jersey n’ont été abolis qu’en 1966 par une loi locale… Là où l’histoire n’est pas de la littérature, c’est lorsque les anciens seigneurs réclament toujours des dédommagements. Restent des rencontres chaleureuses, étranges ou pleines d’humour avec des îliens dont les magnifiques jardins, immenses ou minuscules,  confinent à la poésie.

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2 réflexions sur « Cet étrange sentiment de familiarité »

  1. NikoleG

    J’ai lu récemment « Churchill m’a tué » de Caroline Grimm qui raconte la terrible situation des îles anglo-normandes pendant la seconde guerre mondiale, abandonnées par Churchill sur décision stratégique. Un volet décidément méconnu de l’Histoire pourtant abondante autour de cette période. Un livre qui devrait vous intéresser (chronique disponible sur mon blog).

    1. Nicole Giroud Auteur de l’article

      Merci Nikole. J’ai partagé votre article sur Facebook, tellement il est éclairant. En ce moment on fête les 70 ans de la libération sur les îles, et en gros plan sur une affiche on peut trouver une citation larmoyante de Churchill sur la libération de « Nos chères îles »… Les musées sur l’occupation occultent cette réalité qui doit pourtant se trouver au coeur de chaque famille. Je lirai ce livre avec beaucoup d’intérêt.Merci encore.

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