L’indécence et le chagrin : la photo de Jane Birkin

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Jane Birkin regarde dans le vide, complètement ravagée par le chagrin. Sa fille Kate vient de mourir et les photographes la mitraillent.

Elle ne les voit pas. Elle se trouve très loin d’eux. De ceux qui gagnent leur vie avec celle des autres, de ceux qui mitraillent sans état d’âme et vont vendre leurs photos aux journaux, de ceux pour qui tout fait ventre, de l’amour triomphant ou de la douleur dévastatrice, aucune hiérarchie.

Jane est bouleversante, Jane est une mère qui vient de perdre son enfant.

Son visage nu, c’est la douleur, le vide, l’épuisement, son regard, c’est la pire des absences.

N’y a-t-il rien qui gêne, lorsqu’on fait le métier de vampiriser la vie des autres ?

Cette photo, sur la même page que la souriante nouvelle Miss France et Justin Bieber en veste rouge, et vous, Madame, vous, Jane et votre silence loin de tout. Comme j’ai eu honte, comme votre absolu chagrin, votre intimité violée pour une brève dans un magazine de télévision m’a choquée.

Je voudrais vous demander pardon, Jane, pour ces rapaces à l’arme numérique à qui on n’a pas appris la différence entre l’information et l’indécence, pour ces patrons de presse qui ne montrent pas plus d’éthique que ceux qu’ils emploient.

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