Cela démarre comme un premier roman habituel, les sempiternelles années d’apprentissage où l’auteur vous recrache son enfance .
Milieu ouvrier, bled perdu, gamin normal qui entre dans l’adolescence, bêtises dans la norme et les hormones qui travaillent.
Mais il y a le style, ce petit truc qui vous fait dresser l’oreille parce que c’est un son proche de la fausse note et du grincement de dents :
« A l’arrière de la voiture, côté droit, la tête contre la vitre, je blanchissais. Il y avait quelque chose de baisé en moi. Je n’aimais plus le sport ; j’envoyais mes poings dans la tronche de mes potes ; j’étais devenu inquiet, nerveux, solitaire. Je ne pensais plus qu’à ça. Partout où j’allais, je ne rencontrais plus que ça. Et tout de suite derrière, la main divine qui s’abattait. Sèche. Sans appel. Je n’essayais même plus de fuir ; je tendais la joue. Je maudissais ce foutu matin où j’avais découvert ce foutu livre. Retourner en arrière et que la chaise se brise avant que mes mains n’atteignent. Basculer. Me briser la nuque. Foutre le camp au ciel.
Et basta. »
La main divine s’abat à la fin du roman, bien sûr, juste quelques mots pour dire le cri.
La mort court tout le long du texte en filigrane, de l’arrière grand mère, qui vit dans sa maison jouxtant le cimetière : « Rien que de cogner à sa porte, vos mains s’écaillaient. Personne n’aurait pu dormir tranquillement dans cette caverne – les morts grouillaient dans le plafond. » au voisin qui s’est pendu et aux morts qui envahissent la maison et l’esprit de David, dix ans.
La mort et Dieu, la main divine qui frappe, même dans l’obscurité de cette vie qui s’écoule loin du monde de la ville et de ses lumières.
Sébastien Ayreault, c’est votre premier roman et déjà vous êtes différent. J’attends avec impatience le suivant.