Sur les pentes du lac d’étranges hommes-plantes en pantalon ocre clair.
La fièvre horticole fait beaucoup de victimes, elle connaît deux pics saisonniers : le printemps et l’automne. Au printemps ses malheureuses victimes se précipitent dans les jardineries au premier redoux, prises d’achats compulsifs et irraisonnés. À l’automne la fièvre sévit surtout dans les nombreuses foires aux plantes et l’on croise beaucoup de malheureux, sourire épanoui, lourdement chargés de ce qui semble de vulgaires herbes à chat.
La forme la plus grave touche particulièrement les contemplatifs qui s’attardent au bord des prés ou des rives du lac, se gavant de beauté sauvage sans mesurer le danger qui les guette. Dans les cas les plus extrêmes, la fièvre horticole gagne le cerveau et le malheureux affligé de la passion du jardinage entame une recherche frénétique de tout ce qui est creux pouvant devenir ainsi contenant pour plantes. Vous connaissez les pneus et sabots recyclés, nains de jardin, et autres terrifiantes aberrations.
Sur la photo, un jardinier gravement atteint par la maladie a installé ces étranges hommes-plantes en pantalon ocre clair. Ils campent au soleil, laissant admirer les fleurs et graminées qui surgissent de leur torse étrange. Jaillissement bleuté, touches magenta, épis tremblotant dans le vent.
Jardinier farceur ? Jardinier poète ? Les promeneurs s’arrêtent, interloqués. S’ils sont déjà atteints par la fièvre ils sourient.
Etranges scuptures dessinés par un jardinier en veine d’originalité…
Ah ce jardin que je n’arrive pas à dominer : fainéantise? manque de courage ou goût un peu trop poussé pour le naturel sauvage …
C’est difficile d’être parfaitement en accord avec son jardin, et le naturel exige beaucoup de travail pour accompagner l’évolution des plantes sans se laisser envahir, parole de jardinière!