Parce que le paradis n’existe pas

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Parce que le paradis n’existe pasUn homme se penche sur son reflet dans le miroir d’un W.C. public et celui-ci lui renvoie l’image d’un jeune garçon sur le sentier de la guerre dans une forêt inconnue.

Préparez-vous à recevoir un coup de poing, vous entrez dans l’univers de Marie et Vanders.

Cela commence par une bande dessinée en noir et blanc, beaucoup plus noir que blanc, cela continue par le roman qui raconte la même blessure, la même histoire entrelardée de photos de la forêt où se passe le récit.

Tout est troublant, il n’y a pas de repères qui vaillent.

Vous serez le fils adulte qui a fait naufrage et vient se réfugier chez ses vieux parents,

Vous serez le père ou la mère, les deux parents maladroits et inquiets qui ne savent que faire pour aider cette boule de douleur qui leur revient après des années d’égoïsme et d’oubli.

Vous reconnaîtrez votre quotidien absurde, la banale maison de votre enfance, plus maison de constructeur de base que maison de famille,

Vous reconnaîtrez les jeux cruels d’enfance, et l’école, et la forêt, et la fille qui vous faisait du mal, et ceux à qui vous faisiez du mal.

L’histoire est simple : Fabien revient chez ses parents, il a trente-six ans, a perdu son travail et sa copine. Il se reconstruit grâce à son enfance qui lui saute à la gueule et cela vire Taniguchi et Quartiers Lointains, référence revendiquée de Damien Marie.

Pourtant cela n’a rien à voir : le maître japonais ne donne pas dans une telle noirceur !

La pointe grasse des dessins de Damien Vanders, ne flatte personne, elle accompagne et magnifie la violence et la sécheresse du texte de Damien Marie. Pas d’adjectifs, phrases minimales, saccades, points de suspension et point final. Presque un résumé de la bande dessinée plus qu’un accompagnement : du maigre nerveux qui donne à voir la bande dessinée en train de se faire, les différences sautent aux yeux et la création des deux auteurs également.

Ce n’est pas une bande dessinée, pas plus qu’un roman.

C’est une œuvre quasi totale, autobiographique, mais c’est notre autobiographie à tous, la douleur et le désarroi, les déchirures de notre tissu vivant et les rêves d’ailleurs dans une musique violente et déchirante tout à la fois.

Commandez de toute urgence à cette petite maison d’édition ce cocktail d’émotions.

Parce que le paradis n’existe pas
Damien Marie-Damien Vanders(traeten)
Bamboo Édition, 2009

(Vu 160 fois)
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