Comme le jour est gris ! Nous avançons masqués, angoissés à l’idée que peut-être nous ne retrouverons jamais notre vie d’avant. Alors la nostalgie nous saisit. Mais quelle nostalgie ? Les différentes langues expriment des notions parfois intraduisibles de ce concept, comme le mot gallois « hiraeth » qui parle de la nostalgie d’un pays que nous ne pouvons pas connaître ou qui n’existe plus.
Nous éprouvons le besoin de nous réfugier dans le pays des jours heureux, celui qui surgit de notre enfance et nous échappe, celui qui nous vient des descriptions de nos parents exilés ou d’une lecture transformée en éblouissement, ce pays où l’on n’arrive jamais, plein de mystère et d’enfance, comme dans le beau roman d’André Dhôtel. Hiraeth. Expulsez très fort votre souffle au moment du i avant d’enchaîner avec un r rocailleux suivi d’un a qui ouvre votre bouche, et termine le mot avec un è suivi de ce th qui ressemble presque à un v. Un mot empreint de rugosité et de douceur, une notion poignante et intraduisible, comme si les déchirements de la côte et de l’histoire, l’omniprésence de la mer et une certaine mélancolie fondamentale qui se noie dans les pubs permettaient d’affiner toutes les nuances de la nostalgie.
Nous sommes tous, un jour où l’autre, des déracinés de la vie, semble nous dire hiraeth. Continuer la lecture