Tous des malades mentaux qui s’ignorent!

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MedocsLa dernière fois que vous avez vu le médecin c’était pour un lumbago attrapé d’une manière peu avouable, mais à part cette acrobatie érotique mal récompensée, vous êtes solide : un cachet d’aspirine ou de l’homéopathie pour lutter contre un refroidissement de temps à autre, rien de plus. Vous contemplez avec satisfaction la pharmacie familiale qui contient beaucoup moins que le kilo sept cent grammes de la moyenne de vos concitoyens.

Chez vous tout le monde va bien et vous considérez avec commisération les fragiles du cerveau accros à leurs antidépresseurs…

Pauvre innocent ! Votre famille semble atteinte de dysfonctionnements graves dont vous n’êtes même pas conscients, mais le médecin pourra vous aider après le petit questionnaire que voici :

Vous arrive-t-il de hurler derrière votre volant « Mais démarre, nom d’un chien, démarre ! Tu attends le déluge ? » ou d’autres expressions plus vulgaires quand un conducteur placé devant votre véhicule ne répond pas à vos attentes ?

Vous êtes affligé d’un trouble explosif intermittent dont il faudra mesurer la gravité pour éviter tout passage à l’acte.

Quant à votre femme, si placide devant vos explosions langagières, n’est-elle pas d’une humeur de chien toutes les quatre semaines ? Le style « Tu as encore laissé traîner tes affaires ! Et ton fils qui t’imite ! Cette fois c’est trop ! J’en ai assez de faire la bonniche ! »

Vous haussez les épaules, philosophe : quand elle va avoir ses règles elle n’est pas à prendre avec des pincettes, mais vous avez l’habitude, il suffit de ne rien dire…

Ce trouble dysphorique prémenstruel est-il sévère ? Accompagné de crises de larmes ou de menaces de retourner chez sa mère ? Son cas s’aggrave-t-il en octobre et en mars ?Soupire-t-elle en regardant tomber la pluie ? Devant sa tristesse diffuse et ses soupirs, vous dites que vous ramenez un catalogue d’agence de voyage pour préparer les prochaines vacances et que cela s’améliore… Vous avez tort de prendre son humeur à la légère, votre femme est atteinte d’un trouble affectif saisonnier.

Quant à Junior, il vous cause quelques soucis, je vous le rappelle. Il a répondu plus d’une fois à sa maîtresse et il vous a même regardé avec défi : « Et toi, tu étais si bon que ça à l’école ? C’est pas ce que dit mamie ! La maîtresse donne trop de devoirs ! »

Ce trouble oppositionnel avec provocation peut se traiter efficacement mais il ne faut pas trop attendre, votre fils a déjà six ans, le pédopsychiatre pourra encore intervenir, des médicaments de nouvelle génération sans effets secondaires importants pourront l’aider. Comme toute votre famille, d’ailleurs, on a fait tellement de progrès dans le traitement de pathologies qui passaient inaperçues il y a peu !

Vous verrez, votre pharmacie va se remplir, je gage que le kilo sept cents grammes de la moyenne des Français sera dépassé.

 

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