La vidéo tourne en boucle depuis hier : un amateur a filmé le dramatique accident d’hélicoptère dans lequel de grands sportifs ont perdu la vie. Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine ont fait vibrer les foules. Des personnalités qui n’avaient en commun que le sport de haut niveau et leur retrait de la compétition, des personnalités qui participaient à une émission de téléréalité pour TF1.
On a évoqué ce matin à la radio le quotidien des sportifs beaucoup moins brillant qu’on l’imagine, le tiers des sportifs de haut niveau vivant avec cinq cents euros par mois ; d’où l’importance des sponsors, de la publicité, du besoin vital de rester dans le cirque médiatique.
On a beaucoup parlé aussi de la difficulté pour les grands sportifs de gérer le passage à l’après, quand tous les journalistes ne se ruent plus sur vous pour vous demander quel sera votre prochain challenge, quand vous savez que bientôt votre visage sera oublié et que l’on ne vous demandera plus d’autographe dans la rue.
Ces deux raisons expliquent en partie le passage à la téléréalité qui offre une somme allant de cent à deux cents mille euros pour l’émission et permet une imprégnation médiatique renouvelée.
Ce tragique accident qui a foudroyé en plein vol des destins hors-norme nous bouleverse. Ces gens qui nous faisaient rêver parce qu’ils refusaient la vie ordinaire – la nôtre – pour repousser les limites humaines viennent de périr dans ce qui ressemble à une fatalité du destin.
La Grèce antique connaissait la notion d’hubris que l’on traduit souvent par démesure ; en était coupable (les Grecs considéraient que c’était un sentiment destructeur) celui qui voulait plus que la part qui lui était attribuée, une sorte d’orgueil qui faisait refuser le destin ordinaire. Les dieux grecs ne permettaient pas aux hommes de vouloir s’élever à leur niveau : Icare veut quitter la terre ferme, il s’envole mais il approche trop près du soleil et ses ailes fondent, il tombe dans la mer.
Le terme hubris est souvent associé à celui de moïra, qui signifie le destin en grec ancien. Le tragique destin de ceux qui font l’actualité de ce jour.
Le destin de ceux qui étaient allés plus loin que leurs limites puis avaient participé à un jeu télévisé, un jeu d’images destiné à donner encore du rêve à l’humanité moyenne et qui s’est terminé comme une tragédie grecque. Une notion vieille de vingt-six siècles prend alors une réalité poignante.
Je ne comprends pourquoi Freud a toujours autant de succès en France, j’ai lu le livre noir de la psychanalyse, j’y ai trouvé beaucoup de vérités et de bons sens. Oui, le mise sur piédestal de la psychanalyse est, à sa façon, une sorte de tragédie grecque. Combien s’en sont sortis sans dégâts ?
Merci pour votre billet que je rebaptiserai ” grandeur et décadence des héros surestimés”.
Les romains, lors de leur triomphe, étaient accompagnés d’un esclave qui leur murmurait : n’oublie pas que tu n’es qu’un homme …
Merci pour les Romains, Saravati. Je n’avais évoqué que les Grecs dans mon billet, répondant à Alain qui lui, parlait de Freud.C’est sûr que l’on peut difficilement se remettre des projecteurs de la gloire, fût-elle factice ou éphémère.L’orgueil, l’hubris, était considéré comme un crime chez les Grecs.
Personnellement ils/elles ne m’ont jamais fait rêver….
Mes exploits personnels quotidiens pour vivre dans un corps totalement délabré suffisent à mon bonheur….
Les ayant côtoyés (comme j’en parle sur mon blog) je ne me suis jamais fait d’illusion sur les paillettes chèrement acquises par eux/elles et vite ternies par un ordinaire plan-plan, suite normale de la gloire temporaire tant recherchée…. (tout ça pour “ça”…)
Se prendre pour un dieu (des stades…) c’est désirer la mort quelque part.
Et puis, elle arrive….
Faut-il référer à la tragédie grecque ou à tonton Freud ?
Le deuxième (Freud) connaissait fort bien la première et lui a beaucoup emprunté…
Tout les psychanalystes sont fanatiques de mythologie…
Ce n’est pas toujours à tort d’ailleurs…