Archives mensuelles : avril 2014

De l’utilité de l’ours en peluche chez les angoissés et les racistes.

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Un article paru dans Sciences Humaines de mars 2014 me remplit de perplexité.

Une étude hollandaise s’est intéressée à une catégorie de personnes âgées  très angoissées à l’idée de leur propre mort et à la façon de lutter contre cette terreur en utilisant la tape de sympathie sur l’épaule ou un ours en peluche. Le fait de rassurer quelqu’un par un contact physique amical ne me semble pas relever du Nobel, mais l’ours en peluche…

L’article montre deux choses. La première que les personnes qui ont le plus peur de la mort sont celles qui n’ont pas beaucoup d’estime personnelle pour elles-mêmes et qui sont convaincues que leur vie n’a pas beaucoup de sens. Pour lutter  contre cette angoisse ces mêmes personnes utilisent un réflexe de défense et de rejet : il n’y a pas de meilleur  pays que le leur, seuls les gens qui leur ressemblent valent quelque chose, etc…  Bref le racisme comme rempart contre la peur de la mort.

Surgit alors l’ours en peluche que l’on met entre les mains de la personne. Non seulement le contact avec le jouet calme la peur de la mort mais il calme aussi les pensées racistes !

Je ne sais que penser… Un individu plus serein et moins raciste à cause d’une peluche ?

Si l’étude est vraiment sérieuse il faut investir massivement chez les jouets Weber.

A moins qu’un chat ou un chien – bien vivant – ait la même utilité, l’échange et la tendresse en plus ? En Grande-Bretagne on accepte les animaux, à quand la même mesure en France pour la sérénité des pensionnaires ?

Un bémol : on me fait remarquer qu’une peluche ne fait pas ses besoins, ce qui simplifie la vie du personnel…

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Lovita revient !

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Lovita broie ses couleursVous souvenez-vous de Lovita, cette allumeuse de grands naïfs, cette artiste à la beauté sauvage que le besoin de créer sauve du naufrage ? Et de son fils Martin, le petit que Lovita est bien incapable d’élever et qui veut connaître son père ? Et de Martha, la géante obèse qui ne sait pas faire maigre dans les sentiments ?

Ils reviennent ! Ils n’ont pas changé. Toujours à la limite du Grand Guignol et du mauvais goût mais le texte a subi un toilettage : des dialogues en moins, un soupçon de cruauté en plus et les hommes passent à la moulinette. Certains en redemandent.

Les temps ont changé : en avion même les mémé utilisent leur liseuse, alors Lovita broie ses couleurs nouvelle version paraît en numérique. Bien sûr si vous préférez une édition papier elle existe aussi.

Pour ceux qui ne les connaissent pas (ou pour ceux qui voudraient se rafraîchir la mémoire) cet extrait sera certainement le bienvenu. De même que la critique du Crochet de la Cédille.

Parlons gros sous : l’édition numérique (Kindle d’Amazon et EPUB chez Kobo/FNAC) coûte 4,99 €.

Si vous faites partie comme moi de ceux qui préfèrent l’édition traditionnelle, pas de problème : l’édition papier coûte 15 €, le prix de l’impression à la demande ; une petite semaine s’écoulera entre votre commande et la réception. Le livre est très joli, très confortable pour les yeux. Regardez sur votre droite, tout est expliqué.

Alors avis aux amateurs de rire, pour le prix d’un journal de la veille ou celui d’un gros livre de poche, venez retrouver ou découvrir cette attachante crapule de Lovita et tous ceux qui gravitent autour d’elle.

 

 

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Régine Desforges et des phantasmes

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Régine Desforges est morte.

— Céquiça? demandent de toutes jeunes femmes.

— C’est celle qui a rendu les héritiers de Margaret Mitchell encore plus riche, me répond mon fils qui connaît les démêlés de l’auteur à succès de la série La bicyclette bleue avec les requins américains.

Non, mesdemoiselles, Régine Desforges était bien plus que cela. C’était une éditrice courageuse qui entendait libérer l’imaginaire érotique des générations futures, vous en l’occurrence, en un temps de censure qui vous semble appartenir à la préhistoire. Elle a été condamnée à de nombreuses reprises avant de devenir l’auteur à succès que l’on connait.

A l’heure du bilan, je me demande si Régine a réussi son pari. Certes les jeunes femmes actuelles se déshabillent plus facilement qu’elles ne dévoilent leurs sentiments, certes la pilule a été une libération (mais le nombre d’avortements n’a pas vraiment diminué), mais le reste ? L’imaginaire ?

J’ai fait écouter à ma fille la chanson de Colette Renard Les nuits d’une demoiselle et son air choqué m’a fait comprendre qu’il y avait encore du chemin à faire. Alors vive Régine Desforges et ses héritières légitimes, n’oubliez pas jeunes femmes que le pouvoir de l’imagination écarte les barreaux du conformisme.

 

 

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Une artiste au pays du rire et du cynisme

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Un jour de blues je me suis souvenue d’une jeune femme de ma connaissance qui me dit relire un passage de Lovita quand ça ne va pas fort. Cela la fait tellement rire qu’avoir actionné ses zygomatiques diminue l’angoisse.

Lovita broie ses couleurs est un roman que j’ai publié il y a une dizaine d’années dans une édition numérique où je devais toucher des droits d’auteur à partir du 50ème exemplaire. Le compteur s’est hélas bloqué à 49, et n’ayant pas apprécié ce coup du sort j’avais résilié mon contrat.

Ce roman m’avait valu des courriers drolatiques, enthousiastes ou franchement ambigus. Un homme en particulier, qui a suscité chez moi un malaise profond ; « elle me manque déjà », concluait-il.

J’ai relu mon roman. Et j’ai ri, mais ce que j’ai ri !

Pourtant l’argument ne prête pas franchement à la rigolade : Lovita est une jeune femme peintre qui a connu une enfance style Cosette exotique avec mère complètement folle, prostituée de surcroît. Violée à seize ans la voilà qui se retrouve avec un petit Martin qui veut connaître son père sur les bras. Rassurez-vous le tableau s’éclaircit autrement le rire serait provoqué par la perversité du lecteur (…et de l’auteur).

Tout d’abord Lovita est une grande artiste. Ensuite elle rencontre son ange gardien, Martha, galeriste de métier et obèse exploitable jusqu’à plus soif de son état. Lovita est aussi une force de vie à la conscience morale élastique et au physique ravageur. Autant dire que Martha ne sera pas la seule personne exploitée mais que nombre d’hommes parsèment son chemin de petits cailloux… et même une psy qu’elle finira par rouler dans la farine.

Le rire est niché dans ce décalage entre une personnalité borderline et tous ceux qui l’approchent, entre sa compréhension du monde et la réalité commune, dans sa roublardise et sa naïveté.

J’ai relu mon roman, donc, et après avoir beaucoup ri, j’ai réfléchi. Et si je publiais ce roman, à titre personnel, en édition numérique mais cette fois en ayant le pouvoir, comme ma Lovita ? Et si un plus grand nombre de lecteurs pouvait à son tour actionner ses zygomatiques ?

Emouvoir est facile, et je n’ai pas pu me retenir dans certains passages, mais faire rire ? Les romans cyniquement optimistes, jubilatoires et cruels ne courent pas les têtes de gondole.

J’ai repris le roman, raccourci les entretiens avec la psychiatre que les services sociaux imposent à Lovita, rajouté un cauchemar qui est un pur délice, trouvé une fin réjouissante et amorale pour remplacer la précédente, un peu trop rose bonbon.

 

 

 

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