Comme j’aime cette photo de la très grande photographe Vivian Maier ! Elle a été prise il y a un demi-siècle, mais elle est intemporelle. Toutes les petites filles ou presque s’accrochent à la jupe de leur mère lorsqu’elles ne se sentent pas en sécurité, qu’il y a du monde inconnu et qu’elles ont peur de perdre celle qui est leur point de repère dans la vie.
Je me souviens de ce qui avait été un drame pour ma fille. Nous étions invitées dans un endroit inconnu pour elle, il y avait des gens qu’elles ne connaissaient pas. Elle s’était éloignée un moment, ou bien moi peut-être, je ne sais plus, et puis elle m’avait cherchée. Un enfant navigue à vue de regard, et, comme la petite fille de la photo elle s’était accrochée à ma jupe, une corolle pleine de couleurs qu’elle aimait beaucoup et qu’elle pensait à nulle autre pareille. Seulement – hasard de la vie – nous étions deux à porter la même jupe achetée à des centaines de kilomètres de distance.
Lorsqu’elle a senti la pression d’une petite main, l’inconnue a baissé les yeux et rencontré le regard de la petite. Consternation. Affolement. Avec beaucoup de présence d’esprit la femme chercha qui pouvait avoir la même jupe qu’elle, me repéra et ramena ma fille rouge et tremblante toujours accrochée à sa jupe. Cet épisode laissa des traces. Cette situation impossible, maman disparue et remplacée par une inconnue, fit vaciller ses certitudes, puis le temps passa et la confiance revint.
Voilà pourquoi la photo de Vivian Maier me touche, et je pense que beaucoup d’anciennes petites filles se souviennent d’avoir serré la jupe de maman pour ne pas la perdre, alors qu’elles ne savaient pas encore qu’un jour, quoiqu’on fasse, on la perd quand même.
Épisode de vie et singulier hasard !
Cela pourrait être le support d’une intéressante nouvelle !
La photo est jolie, votre histoire aussi…