La vérité sur l’affaire Harry Quebert

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J’ai mis du temps à lire La vérité sur l’affaire Harry Quebert tant la publicité appuyée autour de ce roman m’avait irritée : je déteste les admirations imposées par les rois des médias. Alors je l’ai lu tranquillement, une fois le battage médiatique retombé.

Je ne me suis ni ennuyée, ni passionnée, juste étonnée de tant de « buzz » autour d’un livre si peu original. Où se trouve « l’épopée » que certains ont évoquée ? Mystère de la grande braderie des mots.

Tout le monde connaît l’argument : un jeune écrivain doit écrire son deuxième livre mais il est en panne d’inspiration ; ça tombe bien, son mentor et ami, l’écrivain Harry Quebert, vient d’être accusé du meurtre d’une Lolita dont on vient de retrouver son cadavre dans le jardin avec le manuscrit de son célèbre roman à côté d’elle. Le jeune Marcus Goldman vient au secours de son maître et enquête dans la petite ville où se sont passés les faits. Un auteur en panne qui vient en aide à un autre auteur qui était en panne lui aussi au moment des faits : jolie mise en abîme.

Pour qui regarde la télévision et va au cinéma, cette enquête évoque la série américaine Cold case puis le film Minority report avec la fâcheuse accumulation de preuves autour de celui qui est en fait la vraie victime de l’écrivain Harry Quebert, un malheureux entre Quasimodo et Cyrano.

Au niveau de l’enquête, les rebondissements s’enchaînent : la pauvre Nola passe par tous les stades, d’adolescente radieuse à l’état de quasi prostituée officielle de la petite ville avant de se révéler psychotique.

Trop c’est trop. Un grand roman américain ?

Ce que j’ai trouvé de très américain dans ce roman, c’est l’épaisseur, alors que sous nos contrées on préfère les livres anorexiques, les éditeurs surtout. Mais là, vraiment, cette abondance de dialogues creux, de coups de théâtres se contredisant les uns les autres, c’était vraiment utile ? Je me surprenais à penser Enlève ça, là c’est de trop, évite cette complaisance… Franchement, une gamine fille de pasteur des années 70, vous l’imaginez faire une fellation au chef de la police locale pour en faire un criminel et protéger l’écrivain qu’elle aime ? Le jeune auteur a transposé son époque, non ? Et la caricature de mère juive ?

Passons sur le copié collé avec le roman La tache de Philip Roth, les références admiratives de l’auteur sont touchantes, d’autres s’y sont essayé en leur temps, je pense à Régine Desforges et sa Bicyclette bleue très inspirée d’Autant en emporte le vent. Elle avait connu le même succès public.

Reste un roman qui n’est pas le chef d’œuvre que certains ont essayé de nous vendre avec insistance mais qui se lit très agréablement. La mise en abîme  sur la création littéraire et l’imposture  justifie amplement la lecture de ce succès de librairie. J’attends avec impatience les livres suivants de ce jeune homme doué, apparemment très au fait des pratiques de l’édition dont il saura je l’espère déjouer les pièges.

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3 réflexions sur « La vérité sur l’affaire Harry Quebert »

  1. Jacques

    Merci Nicole pour cette belle critique, équilibrée et juste. J’ai le même point de vue que vous sur ce livre : agréable à lire, mais pas le chef-d’œuvre annoncé par tant de critiques.
    Un auteur à suivre, en effet.

    1. Nicole Auteur de l’article

      Je suis heureuse, Jacques, que vous trouviez cette critique équilibrée. Mon but n’est jamais de démolir, sauf si l’auteur s’est manifestement moqué du lecteur. Par contre la liberté de chroniques comme les nôtres, c’est l’absence d’obligation de passer de la pommade.

  2. saravati

    Pas vraiment envie de lire ce genre de littérature. Elle a au moins le mérite de susciter vos réactions griffues dont je me délecte 🙂

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