Mural numéro 1

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La belle fille aux yeux pers sur cet immense  mur de briques ne regarde pas les passants, elle semble plongée à l’intérieur d’elle-même, dans un paysage aussi triste que celui sur lequel on l’a emprisonnée.

Les yeux ourlés de cernes noirs, noyés d’une nostalgie indicible, mangent le regard des passants qui s’immobilisent, qui glissent ensuite vers son épaule nue au ras des ordures sur le trottoir. Le trouble de cette épaule nue, la proximité de la chair exposée et superbe avec les déchets jetés sur le trottoir kaléidoscopent l’immonde et le beau.

Elle enserre une rose dans sa main droite. Aucune expression de contentement sur son visage, comme si elle humait le vide, que la rose d’acrylique sur son visage figé n’était qu’un symbole kitch dont elle se serait bien passé.

Le peintre a d’ailleurs forcé sur les roses : une au sommet du crâne, une autre sous l’oreille droite comme les poupées espagnoles et la troisième dans sa main droite, était-ce le manque d’imagination, la facilité, l’envie de contrer la nudité de la fille alanguie sur le mur de briques ?  Trois roses pour cette fille épaule nue contre le bitume, n’est-ce pas un peu trop ?

Un homme passe, regard baissé, casquette rouge, il est pressé. Deux poteaux métalliques empêchent les voitures de se garer devant le mur aveugle envahi par cette fille si triste, une marée de tristesse et de beauté sous un ciel gris, un jour, à Londres.

 

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4 réflexions sur « Mural numéro 1 »

  1. saravati

    J’aime beaucoup votre regard sur les choses et la façon dont vous les exprimez.
    Il y a beaucoup de poésie dans cette approche des choses et plus qu’une simple analyse des faits.
    Le graphisme du dessin est très beau, comparé au mur bancal sur lequel il repose.
    Cette pose, cette fille couchée avec des roses me fait penser à cette chanson effrayante de Nick Cave : http://www.youtube.com/watch?v=lDpnjE1LUvE

    1. Nicole Auteur de l’article

      Merci Saravati de m’avoir fait découvrir cette chanson de Nick Cave; vous avez raison, la charge de mort qu’elle véhicule est à rapprocher de cette fille un peu triste avec ses grands yeux ouverts et les roses comme une offrande.

  2. Eric

    C’est avec intérêt que je découvre un de vos regards photographique de Londres.
    Vous avez su mettre en perspective la grandeur de la fresque avec ce personnage à l’allure empressée au regard porté vers le sol.
    L’artiste de cette oeuvre a poussé le détail du relief jusqu’à dans la porte, avec ce déchirement en forme de feuille au poignet de la jeune fille
    Il y a comme une écriture sur la joue violacée du visage, peut être est-ce une signature?

    1. Nicole Auteur de l’article

      Merci Eric, j’ai l’impression que vous observez aussi précisément mes photos que je scrute les vôtres!
      Je vais mettre d’autres photos de cet artiste dans mes prochains articles si cela intéresse quelqu’un. J’aime photographier ce qui vit, résonne en nous, loin du cliché pour faire beau.

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