Le vendredi 18 décembre 2014 l’écrivain suisse Nicolas Couchepin est venu à la bibliothèque d’Annemasse confronter les grilles de lecture de son roman Les Mensch avec ses lecteurs français dans le cadre de Lettres Frontière 2014.
Quel magnifique moment ! Joutes d’idées, collusion de lectures, d’interprétations, rien de tiède, rien d’agressif non plus parce que l’auteur est un homme porté au consensus et à la discussion et ne manie jamais l’oukase. À aucun moment il n’a contré une interprétation de son texte; attentif, tout en concertation et en écoute.
Sa façon de se dévoiler sans fard, sans protection et sans impudeur aucune, de montrer la gestation de ses personnages et ce qu’ils doivent à sa vie personnelle ont fasciné les lecteurs (enfin surtout les lectrices parce qu’il y avait peu d’hommes dans l’assistance).
Les moments les plus importants furent ceux où il a fait lecture d’extraits son roman. Alors la dimension humaine, la précision et la beauté de la langue sont apparues dans toute leur force. Le monologue de la mère parlant du deuil de vivant de son enfant handicapé a bouleversé l’assistance. Les autres pages choisies par l’auteur mettaient en lumière des évidences que je n’avais pas vues, tout à ma grille de lecture personnelle. Un écrivain n’est pas toujours la personne la plus adaptée pour lire son texte, mais là, vraiment, je crois que personne n’aurait pu rendre aussi intelligible la recherche obstinée des personnages du plus haut sens de leur vie.
J’ai fait une critique de ce livre dans ce blog, je crois que je pourrais en refaire une autre : oui Les Mensch est un titre bien choisi, la famille qu’il nous décrit n’est pas ordinaire, elle fait du mieux qu’elle peut, selon l’auteur, tendue vers le bonheur de ses membres et la lumière, même si celle-ci vient de la cave. Cette famille, c’est celle de tous les hommes, pense l’auteur avec générosité. Nicolas Couchepin, l’humaniste helvétique a fait beaucoup de bien ce soir-là à ses lecteurs français.