J’ai sauvé la vie d’une star d’Hollywood et les Français de la morosité

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Vous trouvez l’actualité morose et vous ne voulez pas dépenser vingt Euros pour les confidences de Valérie ? Précipitez-vous sur le livre de Laurent Bénégui : pour le même prix vous ne vous offrirez pas de confidences gastriques mais tellement, tellement d’occasions de rire que ce livre devrait être remboursé par la Sécurité Sociale.

Laurent Labarrère, quarante ans, scénariste pour la télévision, connaît autant d’ennuis que notre actuel président : sa femme l’a quitté, elle le remplace à son travail par son jeune amant mais le malheureux ex-scénariste doit continuer de payer le duplex du couple, s’occuper de ses filles qui ne supportent pas l’appartement minable qu’il occupe désormais et de surcroît un mafieux russe en veut à sa vie avant de lui proposer d’écrire un scénario.

Parfaitement abracabantesque aurait dit un autre président plein d’imagination.

Précipitez-vous, je vous dis, oubliez la liste des romans de la rentrée qu’il faut absolument faire semblant d’avoir lu en septembre et éblouissez les convives grâce aux réparties qui fusent, calibrées au millimètre :

— Je ne vais pas pouvoir continuer à payer pour le loft, insistai-je.

Tant que mon chargé de compte se bidonnait aux aventures de nos deux familles de timbrés, je survivais grâce à un découvert de spéléologue, obtenu à un taux de bactérie. Mais j’avais intérêt à continuer de trouver des répliques qui fassent mouche dans son imaginaire de banquier.

— Ce n’est pas la peine de faire du chantage, réagit-elle en claquant la portière.

— On devrait en parler calmement.

— C’est pour ça qu’on a des avocats.

­Un peu démoralisé mais pas à bout de ressources, notre scénariste essaie de se placer de nouveau sur l’échiquier amoureux avec une serveuse de bar :

— Et tu viens de ?… demandai-je.

— Montréal, province de Québec. Je suis une cousine, sourit-elle avec évidence.

Si toutes les cousines étaient du même acabit, on s’embêterait moins aux communions. Celle-ci était indiscutablement ravissante, moulée dans un jean taille basse, son débardeur court dévoilant un nombril orné d’un piercing original, duquel j’avais du mal à détacher les yeux tant l’azimut était propice.

— C’est un fémur d’australopithèque en réduction. (J’appréciai en connaisseur, comme si dans mon entourage il était courant de se composter avec des reproductions d’omoplate ou de rotule.) C’est un cadeau de mon chum. J’étudie la paléontologie, je suis venue théser à Paris-III et je travaille ici pour me faire des sous.

Il trouve beaucoup d’argent aux toilettes dans une cache du plafond, ce qui lui permet de faire ensuite la rencontre douloureuse avec Boris, le légitime propriétaire de cet argent sale :

— Pourquoi t’as mis ta main dans ce faux plafond ? Ça fait vingt fois que j’utilise cette cachette sans problème.

— Je ne sais pas, il fallait que je m’occupe.

— Le temps de pisser ?

— Ben, peut-être, oui…

— Tu es hyperactif, toi ?

— Non, d’habitude non.

— Tu as eu une scolarité normale ?

— Oui, oui.

Il réfléchit et rejeta ses longs cheveux en arrière d’un brusque mouvement de la tête qui transporta à nouveau jusqu’à mes narines son odeur particulière. Un relent animal, qui ne jurait pas avec l’image qu’il présentait de lui-même.

— Quelqu’un qui ne supporte pas de rester tranquille le temps de pisser fait preuve d’instabilité, reprit-il en se nouant les cheveux avec un élastique. Crois-moi.

Audiard doit jubiler dans sa tombe : voilà la relève ! Bientôt d’autres Tontons flingueurs et autres Barbouzes vont enchanter les écrans francophones et faire oublier le temps d’un film ou d’un bon livre les aigreurs de la politique.

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