Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve.
Betty la petite Indienne se trouvera au bout d’un long chemin dans sa famille pleine de chaos, de drames et d’étrangeté.
Le roman de Tiffany McDaniel est inspiré de la vie de sa mère et celle de sa famille.
Alka Lark s’est donnée un peu par hasard à un Indien Cherokee, né pour être père, Landon Carpenter. De cette union naîtront de nombreux enfants à la couleur variée. Betty est la plus sombre, la plus Indienne. Toujours maquillée, un peu indifférente au monde qui l’entoure, dépressive, Alka laisse la maisonnée aux soins de Landon le rêveur. La famille déménage beaucoup au rythme du travail que trouve un Indien dans les années quarante à soixante dans une Amérique raciste et violente. La famille finit par revenir s’installer à l’endroit d’où elle était partie, en Ohio.
Le lien profond entre tous ces enfants si différents, c’est leur père et ses magnifiques histoires. Malgré le baume au cœur que ces dernières mettent sur ses blessures, Betty souffre du racisme et de toutes les vexations qu’elle subit à l’école. Une de ses sœurs lui demande de ne pas se mettre à côté d’elle dans le car scolaire : elle est blanche et ne veut rien avoir de commun avec la petite Indienne en dehors du cercle familial. Exclusion, humiliations, Betty découvre que le monde des Blancs est très éloigné de la philosophie et de la poésie cherokee de son père. La petite fille aimerait pouvoir blanchir sa peau. Continuer la lecture
Tiffany McDaniel
traduit de l’américain par François Happe
Gallmeister, août 2020, 720 p., 26,40 €
ISBN : 978-2-35178-245-3