Où se trouve ce renardeau ? Dans le jardinet de notre fille à Londres, à deux pas (j’exagère un peu) de la City. Il n’est pas seul, il est accompagné de ses frères et sœurs car maman goupil, après avoir creusé son terrier dans le jardin, a mis au monde cinq petits, tous en pleine forme, qui ravagent le jardinet pour le plus grand plaisir des locataires officiels du lieu.
Les habitants contemplent les petits avec ravissement : So cute ! Le mot est lancé : si amusant, si attendrissant.
Les petits s’en donnent à cœur joie : le jardinet dévasté, les plantes arrachées et dévorées, les ravissants pots cassés, rien ne vient tiédir l’enthousiasme des colocataires humains.
Il est vrai que les renardeaux sont attendrissants, ils jouent et se chamaillent comme tous les petits du monde. Surtout la nuit, d’ailleurs, et leurs glapissements, mélange de poulies grinçantes, de sirènes et de crissements métalliques, vous réveillent à des heures indues. Le jour, ils dorment, roulés en boule à côté de l’abri de jardin.
Où est passé le velours de la pelouse ? Sous les gravats. Le sol est vraiment rocailleux, Mrs Fox n’y peut rien. On ne fait pas de tunnel sans évacuer la terre, un tas impressionnant trône donc contre la cloison de l’abri en bois. Trônait plus exactement, car les enfants s’amusent et jouent dans le bac à sable. Maman leur amène des sacs poubelle remplis de nourriture, et que je joue, et que je lacère… Le beau jardin so british ressemble à une décharge publique. Il faut attendre que la famille s’absente pour nettoyer avant l’invasion suivante.
Je suggère de boucher le trou quand tout ce petit monde part en promenade. Les regards consternés que je m’attire me font comprendre que l’insigne cruauté de ma suggestion les peine.
Il semblerait que plus de dix mille renards vivent à Londres, pas du tout gênés par l’environnement citadin. On peut les comprendre, la ville ressemble à un immense village où il ne manque que les poules pour que le bonheur des goupils soit complet. Les Londoniens aiment ces animaux, c’est l’irruption de la vie sauvage dans une communauté urbaine de huit millions d’habitants, un peu de liberté offerte à leur regard. Cela vaut bien quelques désagréments.
Note: après un certain nombre de nuits écourtées par les renards envahissants (qui doivent, soit dit en passant, réveiller le lotissement entier!) les dits locataires se surprennent à avoir des envies meurtrières… Et ils feront tout pour empêcher les renards de revenir l’année suivante!
Le britannique est un fin renard !
Et le commentateur???
Étonnant la présence de cet animal dans les jardins ! A priori les citadins les acceptent relativement bien pour que les animaux établissent leur logis et donnent naissance à leurs petits.
Comme vous j’aurai tendance à vouloir boucher les trous.
Il a quelques mois, j’ai connu ma première rencontre avec un renard. L’instant a été furtif. Il s’était approché de la piste cyclable et mon arrivée au son de la roue libre l’a perturbé. Il retourna assez rapidement dans le chemin boisé. J’étais émerveillé comme un enfant car c’était la première fois que je croisais un tel regard
En lien une proposition de découverte d’un documentaire intéressant aux images nature sur le renard avec les différentes visions de l’humain sur l’animal. Une seule scène montre la dure réalité qui arrive également à cet animal.
“L’odeur de l’herbe coupée” de Franck Vigna https://www.youtube.com/watch?v=uwixWJ79TLk
Merci pour le lien sur ce beau documentaire, Eric. Les rencontres avec les animaux sauvages (renards, biches, sangliers) surprennent toujours et quand on a la chance, comme vous, de croiser leur regard, c’est un privilège.
catastrophe, je voulais dire …
Je ne connaissais pas cette réalité de la faune citadine britannique.
Vu de l’intérieur, cela paraît une catastrophique écologique.
Mais sous votre plume, cela prend l’allure d’un conte (vous savez comme moi à quel point les contes peuvent receler d’horreurs) …
Merci pour le compliment, Saravati, mais ceci n’est pas un conte, pas plus qu’une catastrophe écologique, seulement le triomphe de la nature sur la ville. Que le jardin soit dévasté ne préoccupe pas les locataires, voir une renarde allaiter ses cinq petits est un privilège rare.