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Le bonhomme de neige

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Il est un peu de guingois avec son sourire mangé par les flocons qui tombent, c’est un bonhomme de neige d’adulte qui essaie de se souvenir des gestes de ses enfants. Il y a longtemps que ces derniers se sont envolés. Contrées lointaines, vie professionnelle palpitante.

Les parents sont restés collés à leur maison et leur jardin, leurs enfants voyageurs n’ont pas fini de bouger. Et voudraient-ils d’eux dans les parages ?

La neige est tombée de nombreux hivers de suite, ou elle était absente, quelle déception. Retour des grands enfants, bonheur de recréer la fratrie, la famille, la magie de Noël. Quelques jours d’illusion avant la valse des aéroports.

Mais voilà que s’annonce un petit bonhomme, loin, très loin. Au chaud, au très chaud, celui qui exige une climatisation autrement c’est insupportable. Sa maman a peur de lui faire attraper des microbes pendant toutes ces heures d’avion, ces transferts, et la grand-mère encore plus angoissée comprend.

Le petit grandit. Il va avoir deux ans, et le virus planétaire est passé par là. Il n’a jamais vu la neige, seulement dans les beaux albums cartonnés qui lui décrivent une magie qu’il ne connaît pas. Bonhomme de neige et Père Noël se mélangent dans son esprit. Alors la grand-mère fait un bonhomme de neige, celui sur la photo, un peu maladroit, le sourire crispé : la dernière fois qu’elle a serré le petit dans ses bras il avait trois mois.

Il va être content, la neige c’est comme la crème du pâtissier, quand il viendra chez ses grands-parents il en mangera beaucoup, beaucoup.

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Peinture en absence

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Il a neigé mesquinement. Une pellicule, à peine trois centimètres, juste pour transformer le jardin et assourdir les piaillements des moineaux. Teinte grise, ciel plombé, métaphore du froid. Le rouge-gorge s’approche de la porte vitrée : jamais ce timide peureux ne vient près de la maison. Éclat de son plastron, reflet trompeur : il semble dodu, tout rond, comme s’il s’était gavé alors qu’il lutte contre la faim et le froid et domine sa peur par nécessité. Il est très vite chassé par les moineaux et les mésanges, jamais il ne se défend. Je me demande toujours par quelle obstination et quelles ruses cet éternel vaincu réussit à subsister durant l’hiver.

hiver-1Les moineaux s’éparpillent dans l’amélanchier à peine ont-ils picoré. Branches tordues, branches grêles entrelacées abondamment squattées ; le gang des moineaux s’évertue à garder la place et réussit fort bien à imposer sa loi. Ne parlons pas de ce pauvre rouge-gorge, pas plus que de ces teignes de mésanges qui remporteraient le territoire si elles n’étaient pas toujours à s’étriper. Continuer la lecture

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