Archives de l’auteur : Nicole Giroud

Chatbots II

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TelDisparuLes chatbots ne se contentent pas de répondre à nos problèmes de connexion ou d’électricité ; ils ne se limitent pas non plus à nous trouver l’adresse d’un restaurant ou à nous rappeler l’anniversaire d’un proche. Ils peuvent se comporter d’une manière très troublante, très humaine, et perturber notre raisonnement, égarer les limites entre monde réel et virtuel.

Il existe désormais des logiciels de conversation nous permettant de parler avec un proche disparu. Les conversations avec les morts intéressent beaucoup de monde parmi les chercheurs. Une jeune ingénieure russe a créé un logiciel lui permettant de converser avec un ami décédé. Comment ? Grâce à un logiciel compilant tous les textos ou articles de la dite personne. Le logiciel peut utiliser des phrases réellement écrites par le défunt et donner l’illusion que celui-ci est toujours en vie. Continuer la lecture

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Chatbots I

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LauraLes chatbots ? Vous voulez dire sabots et vous êtes enrhumé ? Cela se prononce « chat-botte » ? Alors un mélange de chat botté et de « ça me botte », un mot valise pour renouveler le « ça me va » ou le « OK » laconique ?

Rien de bucolique ou de poétique dans ce mot, un chatbot est bien un mot-valise, mais une contraction entre le chat anglo-saxon, la conversation, et le mot d’origine tchèque robot. Un chatbot est un logiciel qui converse avec les humains et vous avez sans doute déjà eu affaire à un certain nombre d’entre eux.

Vous ne les connaissez peut-être pas, mais vous leur parlez très souvent parce qu’ils ont envahi notre vie. La plupart des grandes entreprises utilisent ces logiciels qui portent un prénom et répondent à nos questions. Féminin, le prénom, bien sûr, comme Laura d’EDF bleu ciel. Si votre problème n’est pas trop compliqué vous ne vous apercevez même pas que vous n’avez pas eu affaire à un être humain derrière son ordinateur mais à un robot. Mais ce n’est pas toujours le cas, nombre de chatbots avancent masqués et font irruption sur des sites, bien décidés à soutirer des informations utilisables.

Une grande partie des conversations sur les réseaux sociaux sont le fait de chatbots, histoire de modifier nos comportements, gonfler les chiffres du trafic ou provoquer des envies d’achats. L’équivalent de la musique d’ambiance et des faux clients dans un restaurant : plus il y a de monde, plus on entre.

Les chatbots en disent long sur notre société coincée entre besoin de rentabilité et solitude, efficacité et besoin de s’épancher.  Leur nombre ne cessent d’augmenter. Un site spécialisé répertorie 1285 chatbots, mais leur nombre ne cesse d’augmenter, des startups inventives sont à l’affût de nos besoins.

Les chatbots devenant de plus en plus performants, ils sont donc appelés à se généraliser dans notre vie ; les assistants personnels se multiplient. Là encore, on devrait parler d’assistantes, parce que les prénoms choisis sont majoritairement féminins : Alexa d’Amazon, Cortana de Microsoft ou Siri d’Apple. Ces douces voix féminines répondent à nos questions pratiques et finissent par meubler notre solitude. Voix sensuelles ou maternelles selon notre besoin,  elles font reculer nos angoisses existentielles.

Plus fort encore, certains chatbots font reculer la mort. Je vous en parlerai dans un autre article.

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Mille ans après la guerre : superbe et déchirant !

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Carine Fernandez est pour moi un des très grands auteurs de ce siècle, elle tisse une œuvre forte et rare, loin du battage médiatique. Est-ce une raison d’ignorer son grand talent ? Son écriture magnifie la moindre des descriptions, installe le lecteur dans son univers très personnel. Le Moyen-Orient la taraude depuis longtemps, un Orient vernaculaire, intime, des Mille et une nuits populaires où les femmes s’ennuient et où les hommes tendres ne se reconnaissent pas dans le miroir qu’on leur tend. Vous avez sans doute de beaux souvenirs de La servante abyssine ou du châtiment des goyaves.

Mille-ans-apres-la-guerreMille ans après la guerre explore un tout autre registre, comme si, après avoir beaucoup décrit les pays où la très jeune Carine avait fui l’ennui de la campagne française et l’oppression de parents réfugiés espagnols trop sévères, elle revenait à l’origine, cette guerre d’Espagne qui a conditionné l’exil de ses parents et l’atmosphère de son enfance. Continuer la lecture

Mille ans après la guerre
Carine Fernandez
Les Escales, septembre 2017, 246 p., 17,90 €
ISBN : 9782365692670

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Le retour

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Voilà que je reviens à la maison. Plus exactement à mon bureau, ordinateur, environnement : les massifs de vivaces résistent à la fin d’été, jaunes, bleus et mauves se mélangent, les mûres croulent sous leurs fruits violets et noirs. La vie reprend et j’ai le cœur serré de gratitude devant ses couleurs après le long tunnel de souffrance.

Lumière après le noir dévorant de la douleur physique. D’abord tremblotante, hésitante, progrès lents et puis non, de vrais progrès, et l’espoir en fond têtu.

LumièresCinq minutes que j’ai regagné mon fauteuil. Musique. J’avais oublié le vert tendre de l’herbe, son insolence pointue quand la tondeuse a oublié de sévir. Du vert, du jaune, du noir, du rouille aussi par les fenêtres de mon bureau. Je serai passée du printemps à l’automne, par-dessus un été trop difficile où les couleurs de la vie ne m’ont pas attendue.

Mais me voilà, de nouveau fidèle au poste, et pendant ces heures de la nuit où j’étais incapable de demeurer couchée, j’ai lu. Beaucoup lu. Bien sûr tout a été déformé par le prisme de la maladie, mais c’est intéressant de constater ce qui a résisté au laminage de la douleur.

Très prochainement je reprendrai mes chroniques littéraires, chers lecteurs. À pas comptés, ma main droite ne vole pas encore sur le clavier. Je donnerai sans doute moins de citations, les articles seront plus denses, je compte sur vos appréciations et messages d’encouragement pour ce qui reste une sorte de convalescence.

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D’après une histoire vraie : vertigineux, subtil et roué

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ViganRien ne s’oppose à la nuit m’avait troublée, fascinée, heurtée. Je n’ai pas eu envie de me précipiter sur D’après une histoire vraie, trop de battage médiatique. Et voilà que j’y suis revenue, et voilà que très vite j’ai été embarquée : impossible de se tromper, cette façon d’emballer le lecteur, de l’enrouler dans des éléments autobiographiques aisément identifiables et d’autant plus fallacieux dans leur apparente évidence, c’était du grand art, de la rouerie d’écrivain confondante !

Jubilation.

Résumons le propos : Delphine a mal supporté le succès de son livre précédent et de l’onde de choc qu’il a créée dans sa famille. Fragilisée, elle rencontre dans une soirée L., jeune femme qui lui ressemble beaucoup et qui réussit très vite à devenir une amie intime indispensable à son quotidien. L. est un écrivain fantôme, un ghost writer, un nègre pour célébrités, versant obscur de Delphine en pleine lumière. L. ne veut rencontrer ni François, le compagnon de Delphine, ni Louise et Paul, les enfants de celle-ci, ni aucun de ses amis. Durant cette période très particulière où L. prend le pouvoir, Delphine vit un moment de vacuité intense : ses enfants ont réussi leur bac et prennent leur envol, François réalise une série documentaire aux États-Unis et est souvent absent, de plus elle reçoit des lettres anonymes particulièrement violentes d’un membre de sa famille. Vacuité, déstabilisation familiale et personnelle, difficulté à écrire : dépression latente. Continuer la lecture

D’après une histoire vraie
Delphine de Vigan
JC Lattès, août 2015, 486 p.
ISBN : 978-2-7096-4852-3

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