Archives de l’auteur : Nicole Giroud

Pyongyang, un dessinateur québecois témoigne

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pyongyangÉclipes japonaises appréhendait par le roman une certaine réalité de la Corée du Nord ; cela m’a donné envie de fouiller dans ma bibliothèque et de relire Pyongyang, la bande dessinée de Guy Delisle parue à l’Association en 2003. Le beau roman d’Eric Faye laissait notre imagination suppléer aux brèves notations de la vie quotidienne en Corée, notations plus évocatrices que bien des discours. La bande dessinée opère le chemin inverse : la présence forte des images interdit toute imagination, impose une réalité obsédante, monuments gigantesques à la gloire du grand leader, hôtels non terminés et quasi déserts, et en même temps, ces images ressemblent à un rêve.

La bande dessinée en noir et blanc du Canadien Guy Delisle aborde le sujet par le biais autobiographique : l’auteur s’est rendu à Pyongyang en 2003 pour sous-traiter une série d’animation. En effet on ne sait pas que la Corée du Nord fabrique une grande partie des images des dessins animés occidentaux, y compris des séries françaises dont le fameux Corto Maltese.

 L’animation en France a pratiquement disparu : en une dizaine d’années, à quelques rares exceptions près, la production s’est entièrement délocalisée en Europe de l’Est et en Asie. Et aujourd’hui, c’est au tour des Chinois de s’inquiéter en voyant tout le boulot partir en Corée du Nord. (p. 82).

Des « petites mains » coréennes fabriquent toutes les images intermédiaires destinées à simuler le mouvement dans les studios de dessins animés SEK à Pyongyang. Apport de devises…

Le Québécois reste deux mois en Corée du Nord et il nous présente un compte-rendu minutieux et humoristique de son séjour dans le pays le plus fermé du monde. Arrive-t-il vraiment avec le roman 1984 de George Orwell dans ses bagages, ou est-ce une reconstruction destinée à illustrer le parallèle entre la société totalitaire décrite dans le roman et la réalité qui se vit en Corée du Nord ? Personnellement je pencherais pour la deuxième solution tant les extraits du romans collent à la réalité qu’il décrit. On rit beaucoup des incompréhensions entre son guide et son chauffeur et lui-même. On rit moins des passages obligés : le bouquet de fleurs à déposer devant la statue de Kim Il-Sung, les visites des deux stations de métro et des musées.

La Corée du Nord est le pays le plus fermé du monde. Les étrangers y entrent au compte-goutte. Il n’y a pas d’Internet, pas de café… En gros, pas de divertissements. On peut difficilement sortir de l’hôtel, et rencontrer des Coréens s’avère pratiquement impossible. Heureusement que du côté solitude, j’ai de l’entraînement parce que c’est pas ici que je vais rigoler. Enfin, c’est comme cela que j’envisageais mon séjour, mais finalement ce fut tout le contraire. Comme quoi il faut s’attendre à tout quand on voyage.

Guy Delisle a sans doute beaucoup ri, pourtant cela ne semble pas évident lorsqu’on lit sa bande dessinée. Il s’arrange de tout. De la lumière dans le seul étage de l’hôtel réservé aux étrangers, de la surveillance incessante, de l’impossibilité absolue de rencontrer des habitants. De la solitude des rares Occidentaux dans les salles de restaurants vides. Étrangeté. Il remarque qu’il n’y a pas d’handicapés, à Pyongyang : les Nord-Coréens naissent sans déficiences, lui explique son guide.

L’omniprésence de la musique et des slogans de propagande, le culte de la personnalité du grand leader, les difficultés pour circuler, le caractère fuyant des interprètes qui ne répondent jamais aux questions, la nourriture… Les Occidentaux se replient entre eux pour faire la fête ou communiquer ; ingénieurs ou membres d’ONG, tous sont irréductiblement étrangers au monde qui les entoure, enfermés dans leur quartier protégé par l’armée.

Bien sûr cette BD possède des faiblesses : quand on vient travailler deux mois dans un pays on n’a pas le temps de le voir vraiment, surtout quand on est sans cesse surveillé. Les seuls Coréens vraiment décrits sont l’interprète et le chef du studio d’animation, la population n’est même pas esquissée, les rares silhouettes étant celles de Chinois en train de faire leur gymnastique. Impossible d’échapper à l’ethnocentrisme… Il manque une appréhension culturelle du pays ; par exemple les nouilles froides, spécialité gastronomique de Pyongyang, sont décrites comme si on avait oublié de les chauffer en cuisine. Le sourire permanent, signe de courtoisie en Asie, est considéré comme un masque.

Cette BD pourtant est fascinante. Elle porte la force brute et la faiblesse du témoignage, et le fait même que l’auteur ait voulu faire rire de ses déboires participe au malaise. On rit et on ne rit pas devant l’absurdité permanente. Par exemple le grand bâtiment du « Pyongyang international cinéma » (p.61) situé à côté de l’hôtel du dessinateur :

Après quelques jours et devant mon insistance, il finira par m’avouer que l’endroit n’est utilisé qu’une fois tous les deux ans lors du « festival international du cinéma » où se retrouvent des pays comme la Syrie, la Libye, l’Iran, l’Irak, etc. À l’occasion, on y projette aux ouvriers méritants, les derniers films de propagande nationale.

Le noir et blanc renforce l’impression de se trouver dans un cauchemar, jeux d’ombre et de lumière, immenses bâtiments et silhouettes stylisées, un cauchemar que des millions de gens vivent sans même s’en rendre compte, bercés par une idéologie à laquelle l’adhésion n’est pas une option.

Pyongyang
Guy Delisle
L’Association, 2003, 184 p., 24€
ISBN : 9782844141132

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Éclipes japonaises et trou noir nord-coréen

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 Il existe bien des façons d’entreprendre un récit. Celui-ci pourrait débuter une nuit de février 1966, dans les kilomètres qui séparent deux armées sur le qui-vive, le long de la « zone démilitarisée » entre les deux Corées. Ou par une après-midi de l’été 1978, sur une île japonaise. Il pourrait aussi prendre naissance dans une rue de Niigata, un soir, à moins que ce ne soit à bord d’un bateau qui file à pleine vitesse, pour ne pas se faire repérer, sur cette mer que les uns appellent « du Japon » quand les autres parlent de « mer de l’Est ».

eclipes-japonaisesAinsi commence le magnifique roman d’Eric Faye paru en août 2016 aux éditions du Seuil. Ces « éclipses » ne sont pas seulement japonaises, elles concernent des Américains ou des Coréens du Sud, mais aussi des gens du monde entier à qui l’on a trouvé à un moment donné une utilité pour le pays le plus fermé de la planète. La Corée du Nord est en guerre contre pratiquement le reste du monde, elle forme des espions qui doivent passer absolument pour des Japonais ou s’infiltrer chez le frère ennemi du Sud sans déclencher le doute. La Corée du Nord ne se contente pas de rodomontades, elle est dangereuse, la preuve : l’explosion en plein vol d’un vol de ligne de la Korean Airlines en 1987.

Eric Faye, grand connaisseur de cette région, entame des recherches sur ces disparitions inexpliquées ; il rencontre des victimes, lit des témoignages, contacte des spécialistes de la Corée du Nord, visite certains lieux clés. Après tout cela, comment rendre compte de ces drames humains et de ces crimes d’état sans nuire aux victimes ou à leurs familles ?

Pour restituer cette période historique qui commence en 1966 et se termine en 2012, Eric Faye a choisi la fiction et il a bien fait. Sa reconstitution de la vie des victimes d’enlèvement en Corée du Nord force l’admiration : aucun manichéisme, ce n’est pas utile. La main-mise absolue de l’état sur les esprits se suffit à elle-même. Les personnes enlevées ont leur utilité : restituer la vie japonaise dans ses moindres détails pour les futurs espions pour l’adolescente Naoko enlevée au retour de son club de sport, tourner des films pour le GI américain qui a volontairement franchi la ligne pour échapper au Vietnam trente ans plus tôt, la diversité des destins est multiple. Perversité absolue du système, les étrangers enlevés vivent comme les Coréens du Nord, mieux même parfois. Ils sont encouragés à se marier, ont des enfants :

En somme, nous vivons bien, malgré les coupures d’électricité fréquentes et les difficultés pour se chauffer. Le temps que les enfants fassent leurs devoirs, je mets en route le petit générateur chinois et ça tient comme ça jusqu’à ce qu’ils se couchent. (…)

Il faudra que je leur explique qu’une machine insatiable a ponctionné ici et là tout le cheptel humain dont elle avait besoin. Je leur dirai, aussi, que les chants appris à l’école, dans lesquels il est question de militaires heureux, de peuple qui suit sa bonne étoile malgré les sacrifices, ces chants ne sont pas la réalité. Le monde qui commence au-delà des clôtures de ce pays n’a rien à voir avec ce que nous vivons.

Tout se trouve dans ce roman construit en trois parties, comme une tragédie classique. L’enlèvement, brutal, les brimades, les lavages de cerveaux, les louanges du grand Leader à apprendre par cœur, le quotidien, la nostalgie et la terreur, la méfiance… Suite à la grande famine de 1994-1998  le gouvernement coréen est obligé de faire appel aux Japonais. Du riz contre des disparus. Marchandage, mensonges pour ne pas perdre la face, manipulations. Le retour de ceux qui ont passé la plus grande partie de leur vie en Corée du Nord est difficile, ils ne reconnaissent pas le pays dont ils sont partis si brutalement des décennies plus tôt.

Eclipse : disparition temporaire complète ou partielle d’un astre dûe à son passage dans l’ombre ou la pénombre d’un autre.

Certains ne reviennent pas, et l’auteur décrit avec une pudeur et une délicatesse infinie le désarroi de leurs familles. Magnifique roman, donc. Mais où sont les prix littéraires qui ont récompensé cette œuvre subtile et parfaitement documentée dont le style ne le cède aucunement à la cohésion interne, le propos à la documentation ? Parmi l’échantillonnage varié des prix littéraires, cette spécificité française que les observateurs étrangers observent avec fascination et moquerie, pas un qui entendrait récompenser une œuvre intelligente, humaniste et très bien écrite ?

Au fait : en Corée du Nord, l’estimation des personnes mortes de faim pendant la période dont nous parle Eric Faye varie entre un et trois millions et demi de victimes sur vingt millions d’habitants. En 2016 la population se prépare de nouveau « à manger des racines », la CIA n’ose plus parler d’une chute imminente du régime…

Éclipses japonaises
Éric Faye
Éditions du Seuil, août 2016, 240 p., 18€
ISBN : 978-2-02-131849-4

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Mautam, la mortelle floraison des bambous

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bambou-noirIls sont très beaux toute l’année, si graphiques avec leurs cannes noir et leurs feuilles vert tendre… Les bambous noirs du jardin, c’est l’irruption d’un pinceau asiatique dans la campagne occidentale.

Lorsqu’on achète Phyllostachys nigra en jardinerie, aucune mention de sa floraison. Il est vrai que celle-ci est tout sauf spectaculaire : imaginez des sortes de hampes verdâtres qui pendent au bout des tiges comme des mousses malsaines. Une autre raison sans doute plus importante justifie le silence des notices : la floraison du bambou entraîne la plupart du temps sa mort. Ce qu’il y aura de particulier en ce qui concerne le bambou noir des jardins, c’est que depuis 1932 on le multiplie seulement par rejet, sur toute la planète…

Lorsque le bambou noir fleurira, ce qui n’est pas arrivé depuis 1932, tous les pieds fleuriront en même temps et mourront sans doute en même temps. Une extinction massive appelée Mautam en Asie où le phénomène connaît des connaissances autrement dramatiques que dans nos jardins d’agrément.

800px-bamboofloweringDans le nord-est de l’Inde, Mautam (qui signifie « mort du bambou ») est une malédiction cyclique : tous les 48 ans les grandes forêts de bambous sauvages qui couvrent le tiers du pays fleurissent et meurent. Cet événement est immédiatement suivi par une terrible famine : une fois les graines de bambous épuisées, les rats envahissent les villages. Ils n’ont plus rien à manger dans les forêts de bambous et dévorent tout sur le passage. Tous les 48 ans la population attend le phénomène, et l’absence de réactions des autorités a d’ailleurs provoqué de violentes révoltes. La dernière floraison a eu lieu en mai 2006 et le gouvernement a mobilisé l’armée pour prévenir la famine.

Il est possible que l’action des rongeurs soit un mécanisme de contrôle biologique : ils dévorent toutes les graines de tous les chaumes de bambous, y compris celles qui auraient pu fleurir en dehors de la période de floraison, ce qui a un impact positif sur leur fertilité. Une fois qu’ils ont épuisé cette manne, ils se tournent vers les parcelles cultivées, d’où la famine.

Le Mautam de 1958-59 a provoqué la mort d’une centaine de personnes et ravagé la région. On estime que la population a tué au moins deux millions de rats.

La mort redoutée mais attendue du bambou noir dans les jardins n’aura sans doute pas des conséquences aussi dramatiques, mais si vous connaissez de grandes bambouseraies dont le bambou noir est l’espèce dominante, précipitez-vous pour observer ce phénomène que vous ne reverrez pas de si tôt…

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Les fissures de timidité, danse d’évitement des arbres

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gilles-clementDans sa magnifique leçon inaugurale au collège de France du 1er décembre 2011, l’un des plus importants paysagistes de la planète, Gilles Clément, a donné une leçon d’humilité à tous les Jardiniers de la Terre : ne vous prenez pas pour des dieux ! La nature est beaucoup plus intelligente et savante que vous ne le serez jamais, alors collaborez plutôt avec ce qui vous dépasse.

Gilles Clément s’émerveille de la complexité du vivant, de la façon dont les organismes présents bien avant l’homme sur notre planète collaborent entre eux avec une intelligence stupéfiante, une sorte de génie naturel :

Par génie naturel, il faut entendre le pouvoir des espèces animales et végétales à régler naturellement leurs rapports en vue de se développer au mieux dans la dynamique quotidienne de l’évolution. La nature, dans sa complexité, a mis au point un nombre considérable de signaux, d’avertissements, de déclencheurs de réactions en chaîne, de régulateurs de surpopulations, d’assistances et de prédations qui « jardinent » le territoire sans aucune intervention humaine. Cette débauche d’énergie s’opère en réalité dans une économie d’échange, au rythme d’une musique naturelle que chacun peut entendre : le cri d’un oiseau, la stridulation d’un orthoptère, le vent dans un feuillage portant l’information masquée d’un prédateur ou d’un ami, la distance entre les frondaisons laissant voir le ciel (fig. 6). Tout est message.

Je retiendrai de cette magnifique leçon l’expression poétique de fissure de timidité empruntée faute de mieux au vocabulaire de la psychologie. Deux arbres qui poussent l’un à côté de l’autre grandissent, augmentent leur ramure mais ne se mélangent jamais : regardez dans une forêt, jamais vous ne verrez un réseau inextricable de branches ! Impossible de savoir comment les arbres se transmettent des informations et résolvent le problème lié à l’espace qui leur est attribué.

fissure-de-timidite

Copyleft Gilles Clément, licence Art libre 1.3.

La lumière résulte d’une mise à distance des frondaisons d’arbres adultes appartenant à la même espèce (ici, Samanea saman en Australie, au nord de Cairns). Cette mise à distance correspond à des échanges entre les houppiers. On ignore la nature et les raisons de ces échanges.

Gilles Clément a consacré sa vie à élaborer des jardins, toujours en recherche, toujours tendu vers plus de compréhension des phénomènes naturels. Dès 2017 le jardin qu’il a élaboré en Corse avec des scientifiques selon le « protocole de Cargèse » sera accessible à tous et les découvertes probables accessibles également à tous. Le « jardin planétaire » ne se marchandise pas. Je me demande ce que les grands firmes qui sont en train de breveter le vivant pensent de cette démarche…

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En attendant Bojangles, la danse de l’amour fou

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en-attendant-bojangles-223x330Un petit garçon raconte l’histoire de ses parents, leur vie fantasque où les repères habituels ont disparu, comme si rien n’existait à part le plaisir, la surprise, la danse et les inventions toutes plus surprenantes les unes que les autres :

Je n’ai jamais bien compris pourquoi, mais mon père n’appelait jamais ma mère plus de deux jours de suite par le même prénom. Même si certains prénoms la lassaient plus vite que d’autres, ma mère aimait beaucoup cette habitude et, chaque matin dans la cuisine, je la voyais observer mon père, le suivre d’un regard rieur, le nez dans son bol, ou le menton dans les mains, en attendant le verdict. (…)

Un jour par an seulement, ma mère possédait un prénom fixe. Le 15 février elle s’appelait Georgette. Ce n’était pas son vrai prénom, mais la Sainte-Georgette avait lieu le lendemain de la Saint-Valentin. Mes parents trouvaient tellement peu romantique de s’attabler dans un restaurant entourés d’amours forcés, en service commandé. Alors chaque année, ils fêtaient la Sainte-Georgette en profitant d’un restaurant désert et d’un service à leur seule disposition.

Ces parents hors du commun vivent une passion folle, dans tous les sens du terme. Très vite le travail du père disparaît, et c’est la fête perpétuelle, les réceptions, le château en Espagne, un vrai château où la mère donne toute sa démesure. On danse et on boit beaucoup sous le regard de Mademoiselle Superfétatoire, l’oiseau africain et celui de l’Ordure, l’ami sénateur du père. Le petit garçon joint ses mensonges à ceux de ses parents et quitte très vite l’école où la fantaisie n’est pas vraiment de mise. Cela donne beaucoup de scènes très drôles, et puis l’ambiance s’obscurcit quand la fantaisie de la mère devient dangereuse et révèle de graves problèmes psychiatriques…

C’est une histoire qui ressemble très fort à la chanson qui donne le titre du livre :

Maman me racontait souvent l’histoire de Mister Bojangles. Son histoire était comme sa musique : belle, dansante et mélancolique. C’est pour ça que mes parents aimaient les slows avec Monsieur Bojangles, c’était une musique pour les sentiments. Il vivait à la Nouvelle-Orléans, même si c’était il y a longtemps, dans le vieux temps, il n’y avait rien de nouveau là-dedans. Au début, il voyageait avec son chien et ses vieux vêtements, dans le sud d’un autre continent. Puis son chien était mort, et plus rien n’avait été comme avant. Alors il allait danser dans les bars, toujours avec ses vieux vêtements. Il dansait Monsieur Bojangles, il dansait vraiment tout le temps, comme mes parents. Pour qu’il danse, les gens lui payaient des bières, alors il dansait dans son pantalon trop grand, il sautait très haut et retombait tout doucement. Maman me disait qu’il dansait pour faire revenir son chien, elle le savait de source sûre. Et elle, elle dansait pour faire revenir Monsieur Bojangles. C’est pour ça qu’elle dansait tout le temps. Pour qu’il revienne, tout simplement.

Celle qui n’a jamais le même prénom danse et boit, pour que les fantômes qui la hantent s’éloignent, pour que revienne le temps du bonheur, tout simplement.

Ce premier roman touche par ses maladresses-même. Cette façon de mettre en italique les carnets du père intercalés dans l’histoire comme un éclairage un peu superflu, la fin attendue, la naïveté convenue du petit garçon… Il y dans ce texte une petite musique proche de F. Scott Fitzgerald : tendre est la fête, tendre est le tête-à-tête avec la folie quand on aime plus que tout. Et un soupçon d’amertume devant la fragilité de l’instant présent. Et la voix mélancolique de Nina Simone nous emporte : Monsieur Bojangles danse.

En attendant Bojangles
Olivier Bourdeaut
Finitude, janvier 2016, 160 p., 15,50 €
ISBN : 978-2-36339-063-9

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