Archives par étiquette : Sexe des arbres

Le sexe des arbres 8

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arbre

C’est un arbre parisien de bord de Seine, un de ces arbres inaccessibles lorsque les véhicules motorisés avalaient les kilomètres ou serpentaient, grondaient, fumant dans le froid.

Un arbre placide. Rien d’érotique dans ce tronc pâle, épais, un tronc rassurant dans lequel joue la lumière. Les feuilles dorées de l’arbre voisin semblent le caresser. Frôlement ténu, timide, sur  le puissant voisin.

Mais un œil regarde les promeneurs, sur la droite, un œil avec un air de dire « Passez votre chemin, il n’y a rien à voir ». Suspicion. À gauche de ce gardien du temple, une étrange concrétion, mi-vulve mi-coquillage : un deuxième œil dont l’iris noir scrute le ciel ? une fleur carnivore à la corolle dansante ? une oreille faunesque ?

Des lignes de fusain vigoureuses enserrent la créature, la sculptent, créent des ombres et du volume. À gauche comme une feuille dentelée ; à droite une courbe qui ondule à la recherche de la lumière.

Un arbre. C’est seulement le tronc d’un arbre parisien que personne ne regarde.

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Le sexe des arbres 7

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On ne voit que le bas de son corps, ses deux jambes nerveuses qui se reposent un instant sur le mur, sur la trouée du mur de pierre suffisante pour l’envahissement. Le reste tient encore debout mais la barrière est détruite.

L’un des membres, tendu à la verticale, se termine par une sorte de sabot de faune. L’autre étonne. Sa cuisse épouse le sommet de la béance, bien à plat, en position de repos, pendant que la jambe, pliée à angle droit, pied à l’extérieur semble esquisser un pas de danse, comme une des nombreuses apsaras du temple. Mais ici, nulle danseuse, doigts en éventail, yeux mi-clos et sourire énigmatique.

Une force brutale dont la puissance de la structure, tout en tendons, sexe énorme à côté d’une béance menaçante, enjambe le mur.

En arrière-plan, une dentelle de feuilles calée sur des troncs clairs élancés. Mais on ne voit que les membres recouverts de peau malsaine en train de franchir le mur de pierres ocres, la menace.

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Le sexe des arbres 6

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Une créature effarée, œil rond, tête oblongue rejetée en arrière, oscille entre le cri et la surprise; une liane enserre sa gorge, remonte le long du tronc puissant qui la tient en laisse.

Un peu plus bas que les stries qui soulignent la courbure de son cou, la béance de deux trous enrobés d’une boursouflure ; violence de la cicatrice.

Elle se tient figée  contre la cuisse puissante, sa bouche d’ombre aux lèvres charnues ouverte en un cri.

 

 

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Le sexe des arbres 5

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C’est un rassemblement grouillant, comme les vipères entremêlées au printemps dans une copulation indifférenciée, un amas de racines lovées dans la masse, sécurisées par l’instinct de la multitude.

Cet enchevêtrement étouffant de racines qui s’enlacent, s’interpénètrent, resserre à chaque circonvolution la puissance de la masse. Il avance sur le lit sombre et fragile de lianes brisées, il se tord avec une puissance que rien n’arrête.

Nœud gordien de la vie.

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Le sexe des arbres 4

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Fusion. Tendresse, apaisement.

A moins que la rugosité et les empâtements visqueux suggèrent autre chose, une virilité démente ou une force inconnue.

Dans l’appendice le plus bas, une créature au regard aveugle – bébé dinosaure ou vipéreau – apparaît entre la coulée de lave figée et les strates obliques de l’écorce.

Le produit de la fusion ? Une irruption intempestive d’autres formes de vie ? Un être coincé dans une histoire qui ne le concerne pas ?

 

 

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