Enfin un roman qui vous secoue de rire, qui vous tient en haleine pendant 750 pages, un texte qui cavale à toute allure, pas le temps de souffler pour ce pauvre Antoine embarqué dans un périple inattendu, et le lecteur en redemande, poussé par tant de vitalité, d’humour et de roublardise.
Si vous arrivez à répondre sans irritation à la personne de votre vie qui vous signale qu’il est déjà deux heures du matin et que vous travaillez dans quelques heures ou autres billevesées destinées à vous sortir de votre lecture, félicitations !
Par pure paresse, et parce que cela reflète fort bien l’argument, je vous livre la quatrième de couverture :
Tout commence par quelques mots au dos d’une carte postale : « Je pense à vous, je vous aime. » Ils sont signés de Charles, le père d’Antoine, disparu dix-sept années plus tôt sans laisser d’adresse. Avec son meilleur ami, Laurent, et sa jeune sœur, Anna, aussi instable qu’irrésistible, Antoine part donc, à vingt-six ans, sur les traces de ce père fantôme. L’affaire d’une semaine, pense-t-il… De l’ex-Allemagne de l’Est à la Turquie d’Atatürk, de la Géorgie de Staline à l’Autriche nazie, de rebondissements en coups de théâtre, les voici lancés dans un road movie généalogique.
Antoine est un jeune homme posé limite ennuyeux qui va se marier bientôt, le genre de garçon destiné à faire toute sa vie le même trajet jusqu’au travail, tout le contraire d’Anna, sa jeune sœur, incapable de faire autre chose dans sa vie que de séduire tout ce qui se trouve à sa portée, y compris Laurent, le meilleur ami de son frère. D’autres éléments se greffent dans la fratrie dont on comprendra très vite que, si elle ne paraît pas simple, elle va se compliquer encore.
La carte postale trouvée chez sa mère alors qu’il était venu arroser les plantes va bouleverser le jeune homme : son père était en vie trois ans après sa mystérieuse disparition ! Le coup de la lettre qui arrive avec presque vingt ans de retard, on avait vu ça dans Amélie Poulain, et cela devrait nous mettre la puce à l’oreille, ce qui va arriver tiendra de la fiction irrationnelle. Las, impossible de s’arrêter, nous sommes comme le jeune homme, dépassés par les événements, d’autant plus qu’ils sont épicés par la présence d’Anna dont les actes apparemment irréfléchis font avancer la recherche. L’ami Laurent à la fois témoin et acteur de cet invraisemblable voyage à bord d’une Lada soviétique plus vaillante que le régime qui l’a vue naître, va lui aussi progresser et apporter son lot de révélations. Le pire dans cette cavalcade à la Dumas, c’est que, plongés à tour de rôle dans des moments et des endroits clés de l’histoire contemporaine, pas un instant on a envie de dire « Stop » ! Notre héros malgré lui se sort des pires situations, progresse dans la connaissance de ce père qui n’était pas aussi rangé qu’il semblait l’être avant sa disparition, et l’accumulation d’identités multiples, de vengeances terribles en dehors de toute morale ne nous choque pas du tout. Pour une très bonne raison : nous sommes emportés dans ce tourbillon d’aventures, secoués de rire toutes les cinq minutes. Impossible de donner un exemple, la situation cocasse s’étalant sur au minimum une page, la longueur du roman montre à elle seule qu’Alexis Michalik aime raconter, et que les textes d’une densité extrême ne sont pas sa tasse de thé. Tant mieux dans le cas présent, cela nous permet de jouir de cette parenthèse endiablée plus longtemps.
Bon, le livre a des faiblesses, comme ce besoin d’asséner des vérités à deux euros :
La jeunesse, disait-elle à Sergueï, a cet avantage extraordinaire sur tous ces vieux barons qui croient tout savoir : c’est qu’elle peut devenir tout ce qu’ils n’ont jamais été, et réussir là où tous ont échoué !
Il y a un certain nombre de formules de cet acabit, des moments où l’on se croirait dans une introduction de Wikipédia aux deux tiers du texte quand on change de pays, et en plus l’ami Laurent, métis (j’avais oublié de vous le préciser puisqu’il se présente toujours comme Breton) décide lui aussi d’aller chercher ses racines africaines. Cela sent un peu le réchauffé, je vous remets un peu de recherche paternelle pour la route ? Mais bon, je l’avoue lâchement, j’ai passé un si bon moment que tout cela me semble secondaire, et si vous avez un petit coup de spleen, je vous recommande chaudement cette lecture addictive. Elle ne vous plongera pas dans des affres métaphysiques, certes, mais elle vous fera tant de bien !
Merci pour cette présentation.
Ça fait vraiment beaucoup de bien cette proposition d’un livre qui fait rire !
En ce moment, c’est pas de refus…