La part des anges est la petite quantité d’alcool qui disparaît dans l’atmosphère alors que le whisky se trouve dans le tonneau. On ne connaît pas d’explication à ce phénomène, c’est peut-être la raison pour laquelle Laurent Bénégui l’a utilisé dans son dernier roman comme métaphore du corps et de l’âme.
La mère de Maxime vient de mourir, et ce cartésien se trouve empêtré dans des sentiments contradictoires alors qu’il a un tas de décisions à prendre comme le choix du modèle de cercueil et celui de la crémation. Tout cela au téléphone, car sa mère s’était installée au pays basque. Au bout de quatre pages de conversation technique, le héros se laisse aller au chagrin, et cette larme est aussitôt relevée par sa mère qui interviendra régulièrement en italique.
La part des anges. Ce qui s’évanouit dans l’air. Cette parcelle d’âme qui subsiste dans le monde des vivants, Muriel la met à profit pour essayer d’aiguiller la vie de son fils dans une direction qui lui plaît, c’est-à-dire celle de la ravissante infirmière qui s’est occupée d’elle et qu’elle a prise en amitié. Continuer la lecture

Le sujet du roman est d’une grande importance, loin de la littérature nombriliste et des sujets biographiques reflétant un certain épuisement de la matière romanesque contemporaine. Slobodan Despot nous parle de la menace atomique, menace que nous avons oubliée depuis la guerre froide alors que rien n’empêche actuellement le président américain d’appuyer sur le bouton sans en référer au Congrès, par exemple. Sans compter la Corée du Nord ou le Pakistan. Nous dansons avec insouciance au-dessus d’une menace plus grave encore qu’il y a cinquante ans maintenant que de plus en plus de dictateurs possèdent l’arme nucléaire.
J’aimerais donc vous parler aujourd’hui de la bande dessinée en quatre volumes de Manu Larcenet intitulée Le combat ordinaire. Ce beau titre explicite le matériau de la série. Ici pas de grande saga avec héros flamboyants et héroïnes aux attributs sexuels hypertrophiés, non, du quotidien, du fragile, du contradictoire. Un photographe un peu perdu raconte sa vie, difficultés ordinaires, peurs multiples, relations conflictuelles. Le sexe n’est pas facile, les relations familiales non plus, et prendre des décisions relève du parcours du combattant. Ce fameux combat ordinaire pour tenir la tête hors de l’eau et tenter d’avancer.

