Depuis plusieurs jours, impossible d’échapper à l’astronaute français Thomas Pesquet dans les médias ; celui-ci doit participer à une mission devant durer six mois à bord de la station spatiale internationale.
Et que l’on se gargarise, et que l’on étale à l’envi le visage sympathique de celui qui redonne du lustre à notre pays en ces temps de morosité préélectorale.
Il est enfin parti et le décollage s’est bien passé. Entre autres tâches d’une valeur scientifique certaine, il doit accomplir une œuvre conçue par un artiste, nous précise le commentateur mi-goguenard mi-sérieux. Dans l’espace, notre valeureux astronaute va envoyer un mot découpé dans du papier blanc, et le mot résultant de ce découpage que tous les enfants ont fait en début d’école primaire, ce mot, je vous le donne en mille, c’est MOI. Est-ce un gag ? Mi-novembre, cela semble loin d’avril… Le présentateur a-t-il voulu faire de l’humour ? montrer son exaspération devant cet intempestif vedettariat ? Pas du tout, c’est très sérieux… La preuve, cette citation tirée du site du CNES :
À l’occasion de la prochaine mission Proxima à bord de l’ISS, l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire arts-sciences du CNES, propose un projet artistique qui n’existe qu’en apesanteur. Télescope intérieur est une poésie spatiale imaginée par l’artiste Eduardo Kac, une œuvre de papier où le langage libéré des contraintes de la pesanteur est vecteur d’une expérience inédite.
En inscrivant dans son programme de recherche à bord de l’ISS un dispositif poétique, l’Agence spatiale européenne nous rappelle qu’explorer et expérimenter ne sont pas l’apanage des sciences et techniques, et que la culture et la création artistiques forment une composante majeure de la vie humaine, notamment dans un environnement qui la force à se réinventer.
Le dispositif imaginé par Eduardo Kac lance une question aux spécialistes de l’espace comme au reste du public : quel type d’écriture et quelle expérience de l’écrit peut-on concevoir, non pas à propos de l’Espace, mais en son sein, avec ses outils et ses contraintes ?
Représentant d’une parcelle de l’humanité exportée dans l’espace, Thomas Pesquet incarne un point vivant, à qui revient la réalisation de cette œuvre de Poésie Spatiale. C’est en partant de l’individu comme un expérimentateur qu’Eduardo Kac propose d’engager une méditation sur notre avenir sur la Terre et sur notre présence dans l’univers. Détaché de notre planète natale, Télescope Intérieur devient, par l’intermédiaire de Thomas Pesquet dans l’ISS, un instrument d’observation et de réflexion poétique pour réinventer notre rapport au monde.
Bigre. Je n’avais pas imaginé la profondeur philosophique de ce découpage, le bouleversant message interstellaire envoyé comme une bouteille dans l’immense océan primordial. Voici l’artiste et son assistant préparant le geste d’une insondable poésie :

Sur cette image, vous pouvez constater que l’astronaute compare son « M » avec celui de l’artiste. Le « M » de « MOI », message d’une poésie insondable, c’est sûr. Cela me fait penser à Jean-Marie Messier, vous savez, Moi, Maître du Monde… Quand la poésie percute l’hypertrophie de l’ego.
Ce message d’une richesse sidérante va-t-il flotter dans le vide intersidéral sous la forme fragile d’une bandelette de papier jusqu’à ce qu’un débris le réduise à néant ?




Ainsi commence le magnifique roman d’Eric Faye paru en août 2016 aux éditions du Seuil. Ces « éclipses » ne sont pas seulement japonaises, elles concernent des Américains ou des Coréens du Sud, mais aussi des gens du monde entier à qui l’on a trouvé à un moment donné une utilité pour le pays le plus fermé de la planète. La Corée du Nord est en guerre contre pratiquement le reste du monde, elle forme des espions qui doivent passer absolument pour des Japonais ou s’infiltrer chez le frère ennemi du Sud sans déclencher le doute. La Corée du Nord ne se contente pas de rodomontades, elle est dangereuse, la preuve : l’explosion en plein vol d’un vol de ligne de la Korean Airlines en 1987.
Ils sont très beaux toute l’année, si graphiques avec leurs cannes noir et leurs feuilles vert tendre… Les bambous noirs du jardin, c’est l’irruption d’un pinceau asiatique dans la campagne occidentale.
Dans le nord-est de l’Inde, Mautam (qui signifie « mort du bambou ») est une malédiction cyclique : tous les 48 ans les grandes forêts de bambous sauvages qui couvrent le tiers du pays fleurissent et meurent. Cet événement est immédiatement suivi par une terrible famine : une fois les graines de bambous épuisées, les rats envahissent les villages. Ils n’ont plus rien à manger dans les forêts de bambous et dévorent tout sur le passage. Tous les 48 ans la population attend le phénomène, et l’absence de réactions des autorités a d’ailleurs provoqué de violentes révoltes. La dernière floraison a eu lieu en mai 2006 et le gouvernement a mobilisé l’armée pour prévenir la famine.