Que voilà une magnifique saga ! Un superbe roman qui vous emporte en Arabie Saoudite, pays que l’auteur connaît fort bien pour y avoir vécu de très nombreuses années, et cela se voit dans ses descriptions des rouages de la vie quotidienne saoudienne, cela se sent dans son portait des gynécées, cela se comprend dans les mentalités. Une plongée dans un pays que l’on ne connaît qu’à travers reportages et sinistre actualité, mais surtout un roman palpitant qu’on lâche difficilement !
Le patriarche de la famille Bahahmar, Talal, se distingue du reste de la famille par sa tendance à l’érémitisme. Il possède bien sûr un palais, il en a fait construire pour chacune de ses femmes, d’ailleurs, car Talal a la passion de la monogamie : une seule femme à la fois, avant une répudiation très facile ; une seule, à l’exception de sa première épouse, Mama Aïcha, qu’il n’a jamais répudiée et qui s’occupe de sa mère, Sitt Fatma. Talal ne se sent jamais mieux que dans la ferme de sa palmeraie, à arroser son jardin ; un lieu spartiate sans électricité ni internet où il a la paix, loin des tracas de sa nombreuse famille.
Un jour il rencontre le jardinier égyptien qui s’occupe de son jardin et dont la beauté le frappe ; très vite une relation se noue entre les deux hommes malgré l’abîme social qui les sépare.
Quant à moi, je m’appelle Rezak et, comme vous me l’avez judicieusement rappelé, je suis égyptien. Oui, fils de la vallée du Nil, inutile de jouer les modestes : mon père avait une excellente situation, il était pharaon. (p. 29)
Très vite le jeune homme va prendre beaucoup de place dans la vie de Talal et dans celle de sa famille. Rezak est venu gagner de l’argent en Arabie Saoudite après la mort de son père qui a détruit ses rêves universitaires. Une mort honteuse dont il peine à se remettre, et Talal prend vite la place de ce père méprisé. Quant à Rezak, sa beauté, son intelligence et son intégrité comblent les frustrations de père de Talal : aucun de ses fils ne possède toutes ces qualités. Rezak s’installe dans la vie et les affaires compliquées de Talal, découvre la vie des Saoudiens. Continuer la lecture

Cette année, quinze ans après
ouverture au monde et à ses blessures, à la lumière et à l’espoir. Et l’écriture, l’écriture ! Ce ton si particulier et en même temps universel, cette langue qui semble couler de source, sans afféterie ni effets appuyés et cette narration où tous les éléments s’emboîtent si bien qu’on ne voit pas la jointure… Superbe, vraiment. Et rien de fabriqué : du sincère, du naturel, du généreux. D’une vie compliquée l’auteur a su tirer une grande lumière, loin de ces écrivains qui grattent leurs plaies fonds de commerce. Carine Fernandez est l’exemple même de l’élévation par l’écriture, c’est à la fois réjouissant, réconfortant et apaisant.