Lovita revient !

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Lovita broie ses couleursVous souvenez-vous de Lovita, cette allumeuse de grands naïfs, cette artiste à la beauté sauvage que le besoin de créer sauve du naufrage ? Et de son fils Martin, le petit que Lovita est bien incapable d’élever et qui veut connaître son père ? Et de Martha, la géante obèse qui ne sait pas faire maigre dans les sentiments ?

Ils reviennent ! Ils n’ont pas changé. Toujours à la limite du Grand Guignol et du mauvais goût mais le texte a subi un toilettage : des dialogues en moins, un soupçon de cruauté en plus et les hommes passent à la moulinette. Certains en redemandent.

Les temps ont changé : en avion même les mémé utilisent leur liseuse, alors Lovita broie ses couleurs nouvelle version paraît en numérique. Bien sûr si vous préférez une édition papier elle existe aussi.

Pour ceux qui ne les connaissent pas (ou pour ceux qui voudraient se rafraîchir la mémoire) cet extrait sera certainement le bienvenu. De même que la critique du Crochet de la Cédille.

Parlons gros sous : l’édition numérique (Kindle d’Amazon et EPUB chez Kobo/FNAC) coûte 4,99 €.

Si vous faites partie comme moi de ceux qui préfèrent l’édition traditionnelle, pas de problème : l’édition papier coûte 15 €, le prix de l’impression à la demande ; une petite semaine s’écoulera entre votre commande et la réception. Le livre est très joli, très confortable pour les yeux. Regardez sur votre droite, tout est expliqué.

Alors avis aux amateurs de rire, pour le prix d’un journal de la veille ou celui d’un gros livre de poche, venez retrouver ou découvrir cette attachante crapule de Lovita et tous ceux qui gravitent autour d’elle.

 

 

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Régine Desforges et des phantasmes

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Régine Desforges est morte.

— Céquiça? demandent de toutes jeunes femmes.

— C’est celle qui a rendu les héritiers de Margaret Mitchell encore plus riche, me répond mon fils qui connaît les démêlés de l’auteur à succès de la série La bicyclette bleue avec les requins américains.

Non, mesdemoiselles, Régine Desforges était bien plus que cela. C’était une éditrice courageuse qui entendait libérer l’imaginaire érotique des générations futures, vous en l’occurrence, en un temps de censure qui vous semble appartenir à la préhistoire. Elle a été condamnée à de nombreuses reprises avant de devenir l’auteur à succès que l’on connait.

A l’heure du bilan, je me demande si Régine a réussi son pari. Certes les jeunes femmes actuelles se déshabillent plus facilement qu’elles ne dévoilent leurs sentiments, certes la pilule a été une libération (mais le nombre d’avortements n’a pas vraiment diminué), mais le reste ? L’imaginaire ?

J’ai fait écouter à ma fille la chanson de Colette Renard Les nuits d’une demoiselle et son air choqué m’a fait comprendre qu’il y avait encore du chemin à faire. Alors vive Régine Desforges et ses héritières légitimes, n’oubliez pas jeunes femmes que le pouvoir de l’imagination écarte les barreaux du conformisme.

 

 

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Une artiste au pays du rire et du cynisme

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Un jour de blues je me suis souvenue d’une jeune femme de ma connaissance qui me dit relire un passage de Lovita quand ça ne va pas fort. Cela la fait tellement rire qu’avoir actionné ses zygomatiques diminue l’angoisse.

Lovita broie ses couleurs est un roman que j’ai publié il y a une dizaine d’années dans une édition numérique où je devais toucher des droits d’auteur à partir du 50ème exemplaire. Le compteur s’est hélas bloqué à 49, et n’ayant pas apprécié ce coup du sort j’avais résilié mon contrat.

Ce roman m’avait valu des courriers drolatiques, enthousiastes ou franchement ambigus. Un homme en particulier, qui a suscité chez moi un malaise profond ; « elle me manque déjà », concluait-il.

J’ai relu mon roman. Et j’ai ri, mais ce que j’ai ri !

Pourtant l’argument ne prête pas franchement à la rigolade : Lovita est une jeune femme peintre qui a connu une enfance style Cosette exotique avec mère complètement folle, prostituée de surcroît. Violée à seize ans la voilà qui se retrouve avec un petit Martin qui veut connaître son père sur les bras. Rassurez-vous le tableau s’éclaircit autrement le rire serait provoqué par la perversité du lecteur (…et de l’auteur).

Tout d’abord Lovita est une grande artiste. Ensuite elle rencontre son ange gardien, Martha, galeriste de métier et obèse exploitable jusqu’à plus soif de son état. Lovita est aussi une force de vie à la conscience morale élastique et au physique ravageur. Autant dire que Martha ne sera pas la seule personne exploitée mais que nombre d’hommes parsèment son chemin de petits cailloux… et même une psy qu’elle finira par rouler dans la farine.

Le rire est niché dans ce décalage entre une personnalité borderline et tous ceux qui l’approchent, entre sa compréhension du monde et la réalité commune, dans sa roublardise et sa naïveté.

J’ai relu mon roman, donc, et après avoir beaucoup ri, j’ai réfléchi. Et si je publiais ce roman, à titre personnel, en édition numérique mais cette fois en ayant le pouvoir, comme ma Lovita ? Et si un plus grand nombre de lecteurs pouvait à son tour actionner ses zygomatiques ?

Emouvoir est facile, et je n’ai pas pu me retenir dans certains passages, mais faire rire ? Les romans cyniquement optimistes, jubilatoires et cruels ne courent pas les têtes de gondole.

J’ai repris le roman, raccourci les entretiens avec la psychiatre que les services sociaux imposent à Lovita, rajouté un cauchemar qui est un pur délice, trouvé une fin réjouissante et amorale pour remplacer la précédente, un peu trop rose bonbon.

 

 

 

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La petite danseuse de pierre

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L’ovale parfait de son visage, la finesse sidérante de ses traits : sourcils et bouche parfaitement dessinés, nez grec, pourraient la transformer en icône de magazines du monde occidental mais elle est figée dans la pierre depuis près de mille ans.

Le tailleur de pierre a rendu la lenteur de la danse, prodige d’équilibre, rotation à droite, puis à gauche, puis de nouveau à droite où il a saisi le mouvement et figé pour l’éternité ce demi-sourire et ces yeux clos. Il a capturé la petite épouse de Vishnou dans sa gangue de pierre, main droite relevée, serres recourbées des ongles pointus, bracelets au niveau des biceps du bras droit, triple rang de colliers et lourde boucle d’oreille, couronne très travaillée. La petite apsara, danseuse sacrée, est parée pour la séduction.

Elle a été choisie par les prêtres pour la perfection de son corps et sa façon de marcher, tête immobile et grâce infinie. Elle est partie  sans un mot,  sans bagage, le temple pourvoirait à tous ses besoins, c’était un honneur, un grand honneur. Toute droite, entre les deux robes safran, avec la pluie qui coulait sur son visage et lavait ses larmes.

La vie au temple avec les autres élues, toutes filles du peuple d’une très grande beauté, perfection de la peau et du corps : ablutions rituelles et pureté obsédante, complicité et dureté de l’apprentissage. Ne pas parler. Ne pas lever les yeux. Psalmodier les prières au milieu de la nuit pour briser l’enveloppe corporelle et fragiliser l’identité. Les exercices rituels, pendant des heures, jusqu’à ce que l’une des petites épouses de Vishnou tombe d’épuisement. La longueur des pas. La position des pieds. Celle des doigts. Les élongations, assouplissements, torsions jusqu’à la douleur extrême. Mais aussi l’écriture, la lecture, l’initiation aux textes sacrés. Sept ans pour apprendre la langue sacrée, pour accomplir chaque geste, chaque enchaînement de mouvements à la perfection. Sept ans avant que tout son être connaisse le langage de Vishnou, que chaque expression de son visage ou rotation de son corps soit parfaite.

Comme elle est troublante ! Poitrine nue et bras en mouvements, voilage dévoilant ses cuisses parfaites, de lourdes broderies masquant son entrejambe, le sculpteur a reproduit toute l’ambigüité de la danse sacrée : la petite épouse de Vishnou est offerte au dieu à travers une communication érotique où les hommes servent d’intermédiaire.

Et nous voyageurs, en face d’elle, si belle, si vivante, elle dont on croirait entendre tinter les feuilles d’argent autour de sa taille et se soulever le voile sur son intimité, nous voilà plongés dans une culture qui nous échappe totalement.

 

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Rob Brezsny, troubadour des conjonctions astrales

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Connaissez-vous Rob Brezsny l’astrologue le plus lu de la planète, l’oxymoron des horoscopes traditionnels, le chantre de la transformation et de l’humanisme ?

Ce poète musicien écrit toutes les semaines un horoscope qui ne ressemble à aucun autre, plein de poésie, de culture et de confiance dans les capacités de l’être humain. Avec lui pas de conjonction entre les étoiles qui vous feront rencontrer l’âme sœur mais de profondes réflexions suivies d’un horoscope « traditionnel » concernant les différents signes.

Courrier International est le premier journal de la presse francophone à proposer une traduction de l’astrologue, ce qui  en dit long sur la curiosité et l’ouverture d’esprit de ce journal toujours à l’affût d’articles intelligents dans tous les domaines.

A titre d’exemple, voici l’horoscope du 20 au 27 mars 2014 : « A méditer cette semaine : essaie de te rappeler la douleur qui t’a été la plus salutaire ». A creuser, non ?

« Je parie que, dans les jours à venir, un charme pétillant et une belle malice décupleront tes forces vitales. Ton réseau de sociabilité se fera plus profond, plus festif, plus plaisant. Fonce, Gémeaux, fonce ! Exprime avec plus de clarté et d’entrain ta vision de ce que tu désires. Invente des artifices séduisants pour t’attirer de nouveaux alliés et engager tes alliés existants à mieux te soutenir. Si tout se passe comme je le prévois, la synergie entre travail et plaisir devrait être plus fructueuse que jamais. Tu doperas tes ambitions en multipliant les sorties entre amis, tu amélioreras ta vie sociale en affichant tes ambitions ».

Waouh !!! Comment ne pas être dopé par une telle incitation à améliorer sa vie ? Rob, vous êtes une puissante incitation à prendre sa vie entre ses mains, la malaxer jusqu’à ce qu’elle devienne une boule brillante qu’on lance vers les étoiles.

Ami lecteur, fais-toi du bien et médite chaque semaine les prévisions (gratuites) de Rob le troubadour des conjonctions astrales.

 

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