Archives de l’auteur : Nicole Giroud

Cambrioleurs distraits 2

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Dans l’état du Colorado le cannabis récréatif est légal depuis 2014. Chaque citoyen de plus de vingt-et-un ans peut en acheter une once, soit 28,3495 g très exactement, chez un détaillant autorisé.

Étaient-ils distraits, stressés, stupides, très jeunes ou tout cela à la fois, les malfrats qui, en 2018, ont employé les grands moyens pour cambrioler un dispensaire de cannabis ? Projeter une voiture-bélier (un mini-van sans doute volé) dans la vitrine de l’établissement avant de repartir en courant à toutes jambes avec le butin, fait pencher la balance en direction d’une extrême jeunesse, tout comme le produit de leur casse, plusieurs t-shirts et des cartons remplis d’herbe.

Les dits cartons ne contenaient que de l’origan, les produits à base de cannabis se trouvant dans le coffre du dispensaire. Les voix du Seigneur sont impénétrables. Il leur a fait comprendre d’originale façon qu’une carrière de pizzaïolos se déployait devant eux.

 

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Cambrioleurs distraits 1

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La police d’une ville de Géorgie aux États-Unis a reçu un appel indiquant le cambriolage d’un magasin. Les malfaiteurs étaient partis avec leur butin à bord d’une Tesla Model X précisa la source. L’histoire ne dit pas si le vigilant citoyen surveillait la boutique ou la Tesla.

C’est une fort belle voiture que cette Tesla, et très rapide, capable d’accélérations fulgurantes qui auraient dû mettre ses passagers à l’abri des poursuites de la police. Auraient dû, car les cambrioleurs distraits avaient oublié de recharger la batterie du véhicule et la police les a cueillis à la première borne de recharge de la ville. La Tesla Model X peut accueillir six passagers et de nombreux bagages. La police se contenta de récupérer les objets volés, quelques armes et neuf cents grammes de marijuana, ce qui est lamentable au vu de la capacité de la voiture.

Cette histoire véridique nous rappelle par cet exemple qu’avant tout trajet important il est nécessaire de vérifier la recharge de sa voiture électrique.

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La mondialisation s’attaque au Toblerone

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Vous connaissez tous le Toblerone, ce chocolat à la forme si spéciale représentant la forme stylisée de la plus haute montagne de Suisse, le Cervin. Que de symboles dans ce petit triangle plutôt dur à détacher de la barre ! Ce chocolat mythique est fabriqué depuis 1908 à Berne, la capitale de la Suisse. Du chocolat suisse fabriqué au cœur de la Suisse, qui doit se mériter mais que l’on reconnaît aussitôt à son emballage où le Cervin trône en majesté.

En le croquant c’est le meilleur de la Suisse que vous mettez en bouche, celle qui est accessible à tout le monde, celle qui nous parle d’alpages où paissent les vaches, de haute montagne et de qualité rassurante.

Hélas, la mondialisation est passée par là, et le Toblerone est passé en mains américaines, la marque de confiserie Mondelez, très active à l’international. Inutile de vous dire tout ce qu’elle possède, vous seriez découragés de savoir que nombre de douceurs que vous pensez nationales sont en réalité américaines. Revenons à Toblerone. Le nouveau propriétaire a annoncé que dès cet été le Toblerone ne sera plus fabriqué à Berne, mais à Bratislava en Slovaquie. Continuer la lecture

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Passage d’une époque à l’autre avec Catherine Rolland

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Benjamin Teillac est ambulancier, il travaille en tandem avec son ami de toujours, David, qui prend soin de lui. Car Benjamin va mal. Sa femme Sylvie l’a quitté et son fils ne veut plus le voir, en plus voilà que ses crises d’épilepsie reprennent, de plus en plus violentes. Il sait qu’il risque de perdre son travail qui est sa raison de vivre, et il est prêt à tout pour juguler la maladie, y compris participer à l’essai thérapeutique très risqué que lui propose sa neurologue.

Durant ses crises, Benjamin fait un saut dans le temps : le voilà plongé dans un épisode dramatique de la Résistance durant l’hiver 44 en Haute-Savoie dans le massif des Glières.

Il ne s’appelle plus Benjamin Teillac, mais Benjamin Sachetaz, il est né en 1909 et fait partie de la résistance avec son frère Cyrille, un vigoureux abbé en soutane.

Pourtant Benjamin Teillac, fils unique, ne s’est jamais intéressé à l’histoire :

Je n’avais jamais porté d’intérêt à l’histoire, pas plus à la Seconde Guerre mondiale qu’à aucune autre période du passé. Je faisais partie de ces hommes cartésiens pour qui seul le présent comptait. Passer mon existence, comme Thibault, à ressasser les erreurs ou les actes glorieux de mes aïeux en oubliant de vivre, dépassait mon entendement, mais j’avais pourtant su citer sans hésitation, comme d’un fait connu de toujours, le nom de Tom Morel, héros d’une bataille dont il me semblait n’avoir jamais entendu parler.

Les crises se font plus fréquentes, les réalités se mélangent. Dans cette autre vie si dangereuse, Benjamin tombe amoureux de Mélaine :

J’aimais le futur qu’elle me vendait, une existence simple et paisible où nous vivions de l’élevage, des légumes et des fruits que nous produirions, où grandirait tout un tas d’enfants au milieu de la nature et des chèvres, où il n’y aurait plus ni la guerre, ni le malheur, ni la peur. Le dimanche nous irions à l’église, et en août à la fête des moissons. L’hiver nous resterions en ermites, bienheureux dans notre cocon de neige et seuls au monde, et au printemps nous redescendrions dans la plaine, il y aurait des fêtes et des rires, nous nous amuserions et chéririons l’existence, parce que disait Mélaine, il n’y a pas de plus grand bonheur que celui qu’on croyait à jamais perdu et que le Seigneur nous rend.

Vertige : « Le futur qu’elle me vendait », un futur vieux de plus de soixante-dix ans.

D’une vie à l’autre le passage est difficile.

Qu’est-ce qui était en train de m’arriver, bon sang ? Je ne connaissais pas cet endroit, je n’avais aucune idée de la manière dont j’y étais arrivé. Pourtant, le visage de cet homme et sa voix m’étaient familiers, sa présence à mes côtés une évidence.
Il faisait la moue, l’air à moitié satisfait. Il se releva souplement, et je remarquai à ce moment-là qu’il portait une soutane. Je me figeai, interrompant le mouvement que j’avais amorcé pour saisir la main qu’il me tendait. L’espace d’une seconde, je le vis, les yeux bandés, face à un peloton d’exécution prêt à tirer.

La tentation est grande d’incurver le passé, comme dans toute bonne uchronie. Il faut dire que l’auteure joue de ces deux époques avec une grande maestria. Continuer la lecture

Le cas singulier de Benjamin T.
Catherine Rolland
Catherine Rolland, mars 2023, 324 p., 17,90€
ISBN : 9782958459512

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Quand certains auteurs relèvent la tête

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Trois mois. C’est la durée de vie d’un roman en librairie. Trois mois pour exister, pour se faire connaître des libraires, des journalistes, des émissions de radio. Les personnes chargées de faire la promotion de votre roman sont souvent débordées, portées par le flux des incessantes nouveautés, incapables d’assumer les espoirs et les angoisses de celui ou celle qui a travaillé longuement son texte, qui y a mis ses tripes, souvent.

Le verdict tombe très vite. Si votre roman n’a pas fait un chiffre de ventes suffisant et si vous êtes inconnu des médias, la maison d’édition où il a été publié vous fait savoir avec plus ou moins d’élégance que désormais vous êtes indésirable dans la maison. Votre manuscrit avait suscité l’enthousiasme/ l’émotion/ l’intérêt des personnes décisionnaires ? Qu’importe. La seule chose qui compte, c’est le chiffre d’affaires à la fin de l’année. Il faut comprendre : les dirigeants des petites maisons subissent une pression importante, ils ont du personnel à faire vivre, ce n’est pas par plaisir qu’ils lancent toutes les saisons des auteurs inconnus. Peut-être que l’un d’eux sortira du lot et apportera une éclaircie dans le bilan ; de toutes façons, déjà la fournée suivante se presse, pleine d’espoir.

Très peu de maisons indépendantes dans la galaxie éditoriale. Depuis le Covid cela a empiré, les petits viennent se mettre sous l’aile des grands groupes qui enflent, tout le monde connaît cela.

Alors ? Il faut attendre le couperet en tremblant ? Nous avons tous lu des textes magnifiques qui n’ont pas trouvé leur public. Je me souviens par exemple de la musicalité et de la délicatesse du roman de Brice Homs, Sans compter la neige ou de l’intrigue très originale conduisant à des réflexions profondes du roman de Catherine Rolland, Le cas singulier de Benjamin T. Je sais que Catherine a réagi : elle a repris ses droits sur son roman et le publie en autoédition. Bravo ! Tant de textes inutiles encombrent nos étagères (mais pas notre mémoire), il faut laisser de la place à ceux que l’on n’oublie pas si on a la chance de les avoir découverts au bon moment. C’est le cas pour celui-là.

Le cas singulier de Benjamin T. ressort demain, le 9 mars 2023, en autoédition. Ne le ratez surtout pas, vous allez faire une magnifique découverte.

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