Archives de l’auteur : Nicole Giroud

L’homme de Berlin, polar historique plus que noir

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Avant la guerre Gregor Reinhardt était un des détectives de la Kripo, la police criminelle de Berlin. Désormais capitaine du contre-espionnage, il doit enquêter sur un double homicide, celui de Marija Vukic, une journaliste bosniaque proche des Oustachis et celui d’un officier allemand, Stefan Hendel, dans la villa de Marija à Sarajevo.

Nous sommes en mai 1943, plongés très vite au milieu de l’imbroglio des différentes factions de l’époque. Le pouvoir en Bosnie a été confié par les nazis à leurs alliés croates oustachis. Ces fanatiques mènent une politique de massacres sur les populations serbes, les Juifs et les tziganes. Cette cruauté institutionnalisée n’empêche pas les Partisans de Tito de gagner du terrain. Ajoutez à cela que la délicate enquête confiée à Reinhardt survient au beau milieu de l’Opération Schwartz, la nouvelle offensive allemande anti-Partisans, et vous aurez un aperçu de ce qui vous attend.

Bienvenue dans l’univers glauque de cette poudrière balkanique, où le capitaine du contre-espionnage Gregor Reinhardt devra enquêter sans s’aliéner la Feldgendarmerie, l’Abwehr, la police oustachi ou les Partisans. Continuer la lecture

L’homme de Berlin
Luke McCallin
août 2020
Folio policier, traduit de l’anglais par Laurent Bury, 624 p., 8,70 €
ISBN : 978-2-07-079403-4

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Jean-Paul Dubois et sa notion particulière du destin

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Paul Hansen, Français de père danois naturalisé Canadien, se trouve incarcéré dans la prison de Bordeaux à Montréal, à une faible distance de l’Excelsior, l’immeuble de soixante-huit appartements dont il a été pendant vingt-six ans le « superintendant » totalement dévoué à l’entretien de l’immeuble et au bien-être de ses résidents. Nous n’apprendrons qu’à la fin du roman la nature de l’acte qui a conduit cet homme exemplaire à purger sa peine pour un crime qu’il ne regrette pas une seconde d’avoir commis.

La narration oscille entre passé et présent, Paul nous raconte sa vie d’autrefois et celle de la prison en un balancier où le solaire se mêle au sordide, où l’humanité contrebalance la violence carcérale. L’humour sauve de l’étouffement, empêche le roman de basculer dans la noirceur absolue.

Ne plus voir, tous les soirs, Patrick Horton baisser son pantalon, s’asseoir sur la lunette et déféquer en me parlant des « bielles entrecroisées » de sa Harley qui au ralenti « tremblait comme si elle grelottait ». À chaque séance, il œuvre paisiblement et s’adresse à moi avec une décontraction confondante qui donne à penser que sa bouche et son esprit sont totalement découplés de sa préoccupation rectale. (p. 15)

Ce prisonnier qui n’avait jamais enfreint la loi partage sa cellule avec Patrick Horton, un colosse suspecté de meurtre qui parle avec amour de sa moto et de trucider la moitié de l’humanité, mais terrifié devant une souris et tombant de faiblesse à l’idée de se laisser couper les cheveux.  Petit à petit la vie de Paul se dessine. Il va nous raconter comment son père, pasteur danois d’une grande beauté à la foi chancelante, a gâché sa vie plusieurs fois, comme si le bonheur se dérobait toujours devant certaines personnes. Le couple que Johanes Hansen formait avec Anna, une Toulousaine libertaire et athée propriétaire d’un cinéma a éclaté lorsque celle-ci a accepté de passer « gorge profonde » dans la salle. Le film pornographique qui divisait la France a provoqué la fin du couple. Continuer la lecture

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon
Jean-Paul Dubois
Éditions de l’Olivier, août 2019, 256 p., 19 €
ISBN : 978-2-8236-1516-6

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La baleine du lac d’Annecy, véritable chant des sirènes.

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Murray Haig fréquente le lac d’Annecy et ses buvettes, il pêche à bord de sa barque centenaire, la belle Mrs Dalloway, avec dans sa poche Le vieil Homme et la Mer, compagnon de haute solitude. Un jour Murray voit une baleine dans le lac, aussi réelle que le monstre du Loch Ness photographié par le docteur Wilson. En hommage en son illustre devancière surnommée Nessie, Murray appelle sa baleine Jessie. Mais comment convaincre les autres – lorsqu’on est un angoissé alcoolisé permanent – de la véracité de sa vision ?

Pauvre vieux benêt de quarante ans qui se rassure en embrassant son nounours ! Réconforté par sa peluche dans les bras, car il a peur du noir et du dehors ! Peur de vieillir, peur de mourir ! L’imbécile ! Va te faire bouffer tout cru par la baleine, Murray Haig, triste pique-assiette du Vieil Homme et la Mer, tragédien plein de farine, et qu’on n’en parle plus ! (p. 83-84)

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La baleine du lac d’Annecy
Jean-Marie Gourio
Julliard, mars 2018, 160 p., 14€
ISBN : 9782260032434

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Broadway et Fabrice Caro loin des paillettes

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Axel a quarante-six ans, une famille parfaite pour les statistiques, une fille, un garçon, un pavillon dans un lotissement. Et voilà qu’il reçoit une enveloppe du programme national de dépistage du cancer colorectal. L’angoisse qui s’installe, la routine qui déraille. Son fils a fait un dessin pornographique au collège mettant en situation gênante sa ravissante enseignante qui va très vite faire fantasmer son paternel, sa fille vient de se faire larguer par son copain et demande à son père de l’aider, les amis de sa femme veulent qu’il parte faire du paddle à Biarritz pour les vacances, tout cela sans compter le voisin amateur de whisky à qui il n’a pas osé avouer qu’il déteste ça. Apéritif obligatoire tous les trois mois, lotissement et paix du voisinage obligent. Continuer la lecture

Broadway
Fabrice Caro
Gallimard Sygne, août 2020, 208 p., 18€
ISBN : 978-2-07-290721-0

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Ombres devant les ronces

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L’ombre d’un couple se détache devant un roncier et un arbre mort, dos au couchant. C’est l’hiver, seuls quelques cynorrhodons apportent une touche de couleur dans ce fouillis de brun, perles rouges au bout des branches d’un églantier.

Ces silhouettes serrées l’une contre l’autre ne se sont pas quittées depuis un demi-siècle. Deux gamins qui s’aiment, et petit à petit les années grignotent comme des petites souris invisibles la substance de leur vie. Drames et joies mêlés, l’usure du quotidien et les surprises, les enfants et les deuils, les jours s’entassent, pile invisible.

Un jour, il n’y aura plus qu’une ombre pour attendre dans le flamboiement du couchant que le printemps revienne. Une ombre désemparée avant de rejoindre le cortège de ceux qui ne sont plus qu’un souvenir.

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