Si ce n’est déjà fait, le roman de Pierre Lemaitre Au revoir là-haut ayant connu un succès phénoménal, je ne saurai trop vous encourager à le lire avant la suite qui connaît en ce moment un énorme battage médiatique. Vous vous trouverez plongé dans l’atmosphère parfaitement bien rendue de l’immédiat après-guerre. La grande, celle de 14-18.
Lorsque le roman débute, la guerre n’est pas tout à fait terminée. Lors de la dernière attaque française contre l’ennemi, attaque suscitée par la fureur des Poilus devant les Boches qui ont exécuté deux éclaireurs, le soldat Albert Maillard se rend compte que les soldats ont été abattus dans le dos. Il comprend aussitôt que c’est l’officier commandant, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle – abrégé en Pradelle par les soldats – qui est responsable de ces meurtres. Ce dernier pousse Albert dans un cratère de bombe où le malheureux est vite enseveli sous les giclées de boue provoquées par une autre bombe. Surgit alors un autre soldat, Édouard Péricourt, qui sauve Albert mais voit la moitié de son visage emportée par un éclat d’obus.
En cinquante pages, les trois personnages principaux sont campés : le petit comptable Albert, l’artiste grand bourgeois Édouard et l’arriviste noble sans scrupules Pradelle. On entre dans le vif du sujet, fort bien documenté. La gabegie de l’immédiat après-guerre, les gueules cassées et leur impossible retour à la vie civile où on les a remplacées, tout est là, y compris la douleur des familles. Continuer la lecture