Archives de l’auteur : Nicole Giroud

Découverte embarrassante dans les archives du Vatican

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Le pape François n’est pas seulement le protecteur des migrants et de l’ouverture de l’Europe aux déshérités de la Terre, il est aussi celui de l’ouverture des archives du pontificat de Pie XII. RTS info nous relate la découverte par l’un des archivistes officiels du Vatican d’une lettre de décembre 1942 destinée au pape. Celle-ci prouve que ce dernier était au courant des massacres de masse commis par les nazis ainsi que leur usage de fours crématoires.

Pape Pie XII photographié par Michael Pitcairn, vers 1951.

La position officielle du Vatican depuis l’après-guerre au sujet du silence de Pie XII concernant le sort des juifs n’est désormais plus tenable. Pie XII avait connaissance – cette lettre dactylographiée du jésuite Lothar Koenig le prouve – du massacre de 6 000 Polonais dans le camp de Belzec, en Pologne occupée. Ce document invalide le prétendu manque d’informations du pape sur la situation des juifs.

La controverse sur l’attitude papale existe depuis longtemps, et cette lettre ne résout rien. Fallait-il suivre la charité chrétienne, comme l’ont fait un certain nombre de religieux ? Par exemple monseigneur Saliège, l’archevêque de Toulouse et sa célèbre lettre lue dans toutes les paroisses de son diocèse, mais aussi à la BBC par Robert Schumann, le 31 août 1942 ?

Ou fallait-il se comporter en chef d’État avec les méandres diplomatiques que cela implique ?

Il est difficile de trancher. D’un côté certains cardinaux de la Curie étaient proches des fascistes, de l’autre les monastères et couvents romains ont caché, avec l’accord de Pie XII, 3 200 juifs durant la période nazie.

Merci au pape actuel d’ouvrir les archives de cette sombre période.

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Brève du jour : le repas royal

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Galerie des Glaces – Wikipedia

Combien de convives dans la Galerie des Glaces, hier soir ? Plus de 150. Quel fut le menu offert à Charles III pour sa visite d’état en France ? Homard bleu, volaille de Bresse et macaron à la rose, le tout concocté par la fine fleur de la cuisine française, grands toqués et pâtissier d’exception. Sans compter les vins, d’exception, eux aussi.

Homard bleu et volaille de Bresse pour un roi qui ne consomme ni viande, ni poisson, ni produits laitiers plusieurs jours par semaine par souci de l’environnement. Un roi qui, pour son couronnement, a choisi comme plat officiel une tarte salée aux épinards, aux fèves, au fromage et à l’estragon. Il a d’ailleurs utilisé une partie de sa production (bio) pour les mets servis à la table des invités.

Charles désirait que tout le monde puisse manger le même repas peu onéreux dans son pays pour célébrer l’événement. Il y eut bien sûr deux autres plats proposés pour que les invités ne soient pas trop désorientés, une aubergine assaisonnée de yaourt et de chutney avec des oignons frits – une recette de la gagnante de l’équivalent de notre Top Chef – et un carré d’agneau rôti avec une marinade de style asiatique Le dessert fut une interprétation d’un dessert traditionnel aux fraises et au gingembre.

Charles est un monarque soucieux de la planète et de ses sujets, il sait que c’est difficile en ce moment pour eux, il a diminué au maximum les fastes du couronnement.

En face de lui, un président élu d’une république donneur de leçons qui offre un somptueux repas à 150 convives alors que les associations cherchent de l’argent tant la pauvreté a progressé.

J’avoue ne pas saisir le but de cet étalage de richesse en face d’un roi qui est concerné depuis des décennies par l’avenir de la planète et ne donne pas dans l’ostentation.

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Numéro deux, la douleur de l’échec

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En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre.

Des centaines d’acteurs furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce roman raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi.

Quatrième de couverture du roman.

Le monde entier connaît Harry Potter. L’histoire de J. K. Rowling, véritable conte de fée prélude à une œuvre qui a enflammé les adolescents – même ceux qui ne lisaient jamais d’ordinaire. Très vite le monde du cinéma s’intéressa au phénomène, et l’autrice de la saga exigea que les jeunes héros soient anglais.

Le début de Numéro deux de David Foenkinos nous raconte le casting du premier film avec précision, et nous voilà immergés dans les coulisses du phénomène Harry Potter, si bien ferrés par tant d’éléments véridiques que nous en oublions que nous nous trouvons dans une fiction. Les prétendants aux rôles défilent, Daniel Radcliffe ou Emma Watson, mais aussi Martin Hill le petit Londonien qui surgit par hasard dans le casting. Il se trouve auprès de son père accessoiriste dans un film quand il attire l’œil du producteur du film. Martin semble l’incarnation humaine de Harry : petites lunettes rondes et malheurs personnels, fragilité. Au fil des essais successifs, le petit garçon se prend au jeu, et lorsqu’ils ne seront plus que deux, Daniel Radcliffe et lui, il croira en son destin. Continuer la lecture

Numéro deux
David Foenkinos
Gallimard, janvier 2022, 234 p., 19,50 €
ISBN : 978-2072959028

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La liste de mes envies et celle de mes déceptions

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Comment ça, tu n’as pas lu La liste de mes envies ? Me demanda un de mes amis quelques mois après la parution du roman, en 2012. Cinq cent mille lecteurs s’étaient émus avant lui, et cela l’avait conforté dans son choix, puisqu’ils étaient si nombreux.

Non, je ne l’avais pas lu, et si la réaction mi-horrifiée mi-déçue de mon interlocuteur me fit comprendre l’importance de cette lacune je ne décidai de la combler que cet été en parcourant les étagères de la médiathèque de mon village.

Tout le monde connaît le thème de ce roman grand public très vite passé au théâtre et au cinéma. Ce n’est pas d’hier qu’un succès est adapté de multiples façons, parfois certains textes et auteurs en font les frais, comme Anne Frank, mais dans le cas présent cela ne semble pas être le cas. Je suis très heureuse que cette vague médiatique autour d’une mercière qui a gagné le gros lot de la Loterie Nationale soit devenue une sorte de prophétie autoréalisatrice pour son auteur, Grégoire Delacourt. J’espère seulement que le message un peu simpliste de son roman – « l’argent ne fait pas le bonheur » – ne s’est pas vérifié.

Jocelyne, mercière de son état, vit avec son mari Josselin à Arras ; elle est sans doute loin de ses rêves rose bonbon, son mari ressemble plus à un goujat macho qu’au prince charmant, mais bon, la femme entre-deux âges s’en accommode. Sa vie ressemble à un constat sociologique : les enfants partis qui mènent leur vie, un père vieillissant, un excès de poids, un mari qui s’éloigne.

J’ai vu ces années sur son visage, j’ai vu le temps qui nous éloigne de nos rêves et nous rapproche du silence.

Comment expliquer un tel succès ? La petite mélodie de Grégoire Delacourt, mode mineur, petite musique triste et désenchantée avec des préciosités dans son expression, ne cadre pas avec le milieu sociologique qu’il nous décrit. La vie de l’héroïne ne donne pas tellement envie de s’identifier à celle-ci, avouons-le. Tout change avec l’élément déclencheur : Jocelyne gagne le gros lot du Loto, une somme fabuleuse, mais elle n’en dit rien à personne, se contentant de rêver à de petits aménagements de sa vie. C’est là le coup de génie de l’auteur, publicitaire de son état. Il sait faire rêver les gens. Des centaines de milliers de lecteurs se sont identifiés à Jocelyne et à son dilemme. Bien sûr, ils ont peut-être rêvé plus grand que les modestes envies de cette gentille mercière dont nous découvrons petit à petit l’existence présente et passée, mais désormais l’identification marche à plein.

Jocelyne se rend à Paris encaisser son chèque et elle subit les recommandations d’usage destinées à lui éviter les catastrophes qui guettent la plupart des gagnants du Loto.

Vous l’avez annoncé à vos proches ? Non, réponds-je. C’est parfait, dit-elle ; nous pouvons vous aider à le leur dire, trouver les mots pour minimiser le choc, vous verrez. Vous avez des enfants ? J’opine. Eh bien, ils ne vous verront plus seulement comme une mère, mais comme une mère riche et ils voudront leur part. Et votre mari ; peut-être a-t’il un travail modeste, eh bien il va vouloir arrêter de travailler, s’occuper de votre fortune, je dis bien votre fortune parce que désormais elle sera à lui comme à vous puisqu’il vous aime, ah çà oui il va vous le dire qu’il vous aime, dans les jours et les mois qui viennent, il va vous offrir des fleurs, je suis allergique la coupé-je, des … des chocolats, je ne sais pas, moi, poursuit-elle, en tout cas il va vous gâter, il va vous endormir, il va vous empoisonner. C’est un scénario écrit d’avance, Madame Guerbette, écrit depuis bien longtemps, la convoitise brûle tout sur son passage.

La catastrophe est annoncée. Avec un peu plus de lourdeur que nécessaire, me semble-t-il… Désormais les lecteurs conservent dans un coin de leur tête que trop d’argent peut être une malédiction et se demandent ce qui va arriver à la gentille quinquagénaire. Une légère amertume empreinte de douceur permet une émotion facile. Une certaine gêne également. Quelque chose s’agite dans un coin de la tête : cette mercière s’exprime trop bien, peut-être. D’où lui viennent ces expressions policées, ces phrases Grand Siècle, cette culture ?

J’ai écrit le Boléro de Ravel en images, maman, pour que les sourds puissent l’entendre

Ce côté un peu kitch des phrases vides et des effets faciles ?

Il y a des malheurs si lourds qu’on est obligé de les laisser partir. On ne peut pas tout garder, tout retenir.

Comme si l’auteur n’avait pu résister à la tentation de faire de la dentelle, d’ourler son propos sociologique de fioritures qui abîment son propos.

Surtout, surtout, les personnages ne sont pas tous crédibles. Jocelyne qui avait accepté certaines humiliations de son mari (franchement, sa façon de lui faire payer la mort d’un enfant frise l’odieux) et son manque de considération avec amour et patience, change totalement lorsqu’il se sauve avec le chèque qu’il a trouvé dans une des chaussures de sa femme.

Aucune colère dans un premier temps, juste une femme malheureuse qui doit se reconstruire. Puis, virage à 180 degrés : la femme blessée se durcit, découvre un homme qui l’aime, mieux que dans ses rêves de Ken et Barbie, mais c’est trop tard. L’époux a emporté la gentille femme avec le chèque, et Jocelyne ne fait plus confiance à personne.

Le personnage de l’époux de son côté perd son côté odieux. Après s’être gavé avec l’argent de sa femme en concrétisant des rêves à sa mesure (grosse voiture, grand appartement etc), il se rend compte qu’il aime sa femme. Il mourra seul, bien fait pour lui. Une prostituée à qui il confiait son amour pour sa femme (!!!) informe cette dernière. Mais c’est trop tard, l’argent a tout détruit.

On est un peu gêné devant des revirements si artificiels. Certes dans la première partie on se laisse prendre par l’émotion, comme dans des chansons populaires; l’héroïne est si gentille, si banale, si naïve que nous attendons le malheur qui va la frapper et compatissons par avance. Mais la deuxième partie n’est pas crédible : Jocelyne maigrit, séduit un bel homme, achète une belle maison, mais elle est pleine d’amertume.

Il n’y a que dans les livres que l’on peut changer de vie. Que l’on peut tout effacer d’un mot. Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilénies et au bout d’une phrase, se retrouver soudain au bout du monde.

À lire si les évidences et les fioritures vous séduisent, si vous rêvez de gagner le Loto pour changer de vie, si vous aimez les phrases définitives enrobées de douceur et vite oubliées.

La liste de mes envies
Grégoire Delacourt
JC Lattès, février 2012, 220 p., 16 €
ISBN : 978-2-7096-3818-0

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L’impossible vengeance du groupe Nakam

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Comment vivre après la Shoah lorsqu’on est juif et que toute sa famille a été décimée ? Comment avancer quand vous assaillent des images insupportables ? Le premier réflexe est la vengeance, comme ce rescapé des camps qui avait demandé à ce que les blindés alliés détruisent toutes les villes d’Allemagne. Mais la vengeance et la colère ne chassent ni les cauchemars, ni l’amertume. Raison pour laquelle la plupart des survivants n’ont pas voulu faire justice eux-mêmes. Ils ont reconstruit leur vie, fondé une nouvelle famille, fertilisé le désert et se sont plongés dans les textes religieux pour comprendre et trouver de la force. La plupart, mais pas tous.

Le 25 août, Arte a diffusé le film de Doron et Yoav Paz, Le poison de la vengeance. Ce dernier, réalisé en 2021, relate le projet d’un groupe de survivants juifs de faire payer les Allemands pour leurs crimes. Ce film romancé explique un moment méconnu de l’histoire à la toute fin de la seconde guerre mondiale, celle du réseau Nakam et du groupe des Vengeurs de la deuxième brigade juive.

Le héros du film est Max, survivant des camps qui rentre chez lui pour trouver sa maison occupée par son voisin. Sa femme et son fils ont disparu, Max erre dans une Allemagne de fin du monde, en 1945, juste après l’armistice. Le personnage de Max est campé (j’allais dire hanté) par l’acteur August Diehl qui est bouleversant de justesse, de fragilité et d’humanité. Max va croiser tout d’abord une unité de la deuxième Brigade juive, et se lier avec un de ses membres, Michael.

Historiquement la brigade juive faisait partie de la huitième armée britannique depuis septembre 1944. Elle était composée de volontaires recrutés en Palestine sous mandat britannique, mais aussi de rescapés de la Shoah. Cinq mille combattants qui s’illustrèrent pendant la campagne d’Italie et portaient l’uniforme britannique. La brigade fut dissoute en été 1946.

Le film montre fort bien le rôle de cette brigade, en particulier la façon dont elle rapatriait les Juifs survivants de l’Europe de l’Est de manière semi-clandestine dans ce qui n’était pas encore l’état d’Israël. Il montre également que certains membres de cette brigade, par groupes de trois ou quatre, tuaient les individus impliqués dans des meurtres de Juifs. Au début ils leur tiraient une balle dans la tête, plus tard ils les ont étranglés. Ces groupes s’appelaient « les Vengeurs ».

Max s’aperçoit vite que Michael fait partie d’un de ces groupes qui exécutent les nazis en toute discrétion. Ensuite le chemin de Max l’amène à croiser Anna qui va lui sauver la vie ; elle fait partie d’un groupe extrémiste dont Michael se méfie. Max est chargé d’infiltrer celui-ci. La Haganah – la plus importante organisation paramilitaire de Palestine – suspecte un projet d’attentat d’envergure dont elle ignore la nature. Il faut stopper avant son exécution leur plan dont l’organisation suspecte l’ampleur. La formation de l’État d’Israël ne peut pas être entachée par de telles pratiques. La suite du film décrit avec beaucoup de sensibilité et de justesse le dilemme de Max.

En dehors de l’aspect romancé indispensable pour intéresser les spectateurs, le film est très fidèle à la réalité historique. Il décrit fort bien la période troublée de cet immédiat après-guerre : les villes allemandes en ruine, l’antisémitisme persistant de la population, le partage du gâteau allemand entre les vainqueurs de la guerre… et le réseau Nakam avec son projet terrifiant. La loi du Talion appliquée à la lettre : « Tu paieras vie pour vie, dent pour dent, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure ». Six millions de morts allemands empoisonnés par l’eau potable pour six millions de morts juifs dans les camps d’extermination.

Le réseau Nakam a été fondé par Abba Kovner, un poète qui figurait parmi les leaders de l’insurrection du ghetto de Varsovie. Celui-ci était né à Sébastopol en Ukraine, mais sa famille avait émigré très tôt en Lituanie. Pendant la guerre Abba Kovner intégra un mouvement de résistance antisoviétique. En juin 1941 il réussit à s’échapper du ghetto de Vilnius avec plusieurs camarades et forma un groupe de partisans réfugiés dans les forêts de Vilnius. À la fin de la guerre il fonda un mouvement qui organisait l’immigration des Juifs vers la Palestine. Kovner exerçait un ascendant très important sur les membres de son groupe qui lui étaient totalement dévoués. Ils étaient tous très jeunes lorsqu’ils avaient été confrontés dans leur chair l’horreur de l’Holocauste. Mais ils avaient lutté de toutes les manières possibles. Armes amenées en pièces détachées par le réseau d’égout conduisant au ghetto de Vilnius à la fin 1942, même procédé pour le ghetto de Varsovie. Ils avaient combattu les armes à la main, loin des agneaux du sacrifice que l’on a décrits et qui sont rappelés subtilement dans le film. Les jeunes gens s’étaient battus dans les maquis, mais ils ignoraient les camps d’extermination qu’ils découvrirent juste après la Libération. Ponary, Maïdanek. L’horreur. Le choc. L’extermination de masse industrialisée. Et les nouvelles des autres camps confirmaient l’impensable. Le groupe plongea alors dans une sorte de folie punitive, d’autant plus qu’il sentait que le monde voulait oublier cette horreur et recommencer comme avant, ce qui lui paraissait impossible.

L’idée de la vengeance fit son chemin dans le groupe et dans la tête de son chef. Leur commando s’appellerait Nakam, vengeance en hébreu. En 1945, le groupe de « Vengeurs » comptait une cinquantaine de garçons et de filles. Des partisans qui s’étaient battus à l’Est, d’anciens déportés, de très jeunes gens qui avaient échappé à l’horreur… Croyants ou non, tous avaient en commun l’absence de raison de vivre, la volonté de punir le peuple allemand et une loyauté absolue envers leur chef qui écrivit une sorte de manifeste dont voici un extrait :

Nous avons pris sur nous de ne pas laisser l’oubli recouvrir les victimes, d’où notre décision : rendre les coups. Plus qu’une vengeance, il s’agit de rendre justice au peuple juif assassiné. On utilisera donc l’acronyme DIN [pour Dam Israël Noter (le sang d’Israël se vengera) afin que la postérité sache que, dans ce monde sans pitié, qui s’est montré incapable de compassion, il y a malgré tout des juges capables de rendre un verdict…

Le réseau Nakam décida d’appliquer le plan A, c’est-à-dire d’empoisonner le réseau d’eau potable des grandes villes allemandes, Nuremberg, Hambourg et Munich pour faire le maximum de victimes. Kovner se rendit en Israël pour obtenir le poison, mais le projet échoua parce qu’il fut arrêté sur le bateau qui le menait en France, comme le montre le film.

Le plan B concernait le réseau d’approvisionnement de camps de prisonniers allemands, en particulier ceux de Nuremberg et de Dachau. Le plan sera annulé in extremis.

En avril 46, les membres de la Nakam entrèrent dans une boulangerie et recouvrirent d’arsenic les pains destinés aux prisonniers allemands du camp de Langwasser. Ils durent fuir avant d’avoir terminé leur sabotage. 2 200 prisonniers allemands sont tombés malades et 207 ont été hospitalisés. Aucun décès à déplorer.

Abba Kovner rejoignit la Haganah en décembre 1947, devint capitaine dans l’armée de Tsahal, l’armée de défense d’Israël, il mourut dans un kibboutz en 1987.

 La destruction n’était pas seulement autour de nous, elle était en nous.

Espérons que la lucidité de leur chef au sujet du poison de la vengeance gagna tous les membres de Nakam, et que ceux-ci  ont trouvé la paix.

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