La cathédrale Saint-Étienne est la plus ancienne cathédrale gothique de France, cela vaut un détour, même en ce début de décembre, même si nous n’avons pas prévu cette coulée glacée qui engourdit la petite ville.
Comme il fait froid ! Tout est figé, en attente, ralenti par cet effondrement du mercure. La cathédrale ? des chapeaux pointus au-dessus des toits, il suffit de suivre la direction. Sur le parvis, calés devant l’entrée, deux jeunes policiers frigorifiés contrôlent mon sac avec le sourire. Mais c’est l’heure de la messe, beaucoup de fidèles, marche arrière toute.
Enfin un semblant d’animation dans la vieille ville de Sens : des commerçants installent leurs stand sur le marché de Noël en face de la cathédrale – gros gants, concentration, pas le temps de sourire – ; quelques femmes tête baissée, un sac à provisions courbant leur bras ; des sans-abri avec leur chien, en groupe, autour d’un feu imaginaire. La ville médiévale avec ses maisons à colombages et leurs personnages impertinents sculptés dans le bois qui narguent le passant depuis six siècles, avec ses palais à l’orgueilleuse richesse, ressemble à la cité de la Belle au bois dormant. Tout vibre d’un silence renvoyé par le ciel bleu dur. Nous sommes en semaine, début décembre, il est près de midi.
Retour à la cathédrale. Les jeunes policiers ont déserté, même les sans-abri sont partis, il fait de plus en plus froid, nous entrons.
Et cela nous saisit : la pureté de l’immense vaisseau de pierre, vingt-cinq mètres de haut, quinze de large, la chaleur (toute relative) après tout ce froid, la musique qui semble sourdre des colonnes, et la lumière. La lumière du soleil qui joue dans les vitraux comme je n’ai jamais vu. La solitude, aussi, car il n’y a absolument personne dans cette merveille de pierre qui murmure, qui chante, qui scintille dans la lumière de midi. Continuer la lecture


Les moineaux s’éparpillent dans l’amélanchier à peine ont-ils picoré. Branches tordues, branches grêles entrelacées abondamment squattées ; le gang des moineaux s’évertue à garder la place et réussit fort bien à imposer sa loi. Ne parlons pas de ce pauvre rouge-gorge, pas plus que de ces teignes de mésanges qui remporteraient le territoire si elles n’étaient pas toujours à s’étriper. 
Janvier : rentrée littéraire, mois du blanc et des soldes. Dans le désordre. Les sociologues nous apprennent que nos habitudes de consommation changent : on veut désormais du solide, du durable, on se précipite moins sur le miroir aux alouettes, paraît-il.