« Viviane et Nicolas ». Je crois que j’ai toujours prononcé leurs prénoms d’une traite, sans virgule, sans souffle entre les deux tellement ils ne faisaient qu’un.
Nous nous sommes rencontrés assez tard, happés par le quotidien, l’éloignement géographique et le silence qui s’établit de part et d’autre au fil du temps et de l’oubli. La vie n’attend pas, il faut avancer, on n’a pas le choix. Puis le chemin ralentit, la pente augmente et se fait caillouteuse, on se retourne alors sur tous ces embranchements que l’on n’a pas empruntés, tous ces cheminements que l’on a négligés, et les cousins oubliés réapparaissent, le lien se recrée comme si nous nous étions quittés la veille. Comment avons-nous pu vivre toutes ces années sans nous rencontrer, sans être émus par l’entité « Viviane et Nicolas » ?
La chaleur de leur accueil dans leur petite maison, jamais je ne l’oublierai. Pas plus que l’harmonie qui se dégageait de leur couple. Il est de bon ton de murmurer « C’est magnifique » en apprenant qu’un couple s’aime depuis un demi-siècle, mais on dit cela de la même façon que « enchanté », c’est juste une formule : comment peut-on s’aimer si longtemps, impossible, c’est une façade, cela ne se fait plus…
Comme c’est triste, ce désenchantement ! Continuer la lecture