Le retour

Shares

Voilà que je reviens à la maison. Plus exactement à mon bureau, ordinateur, environnement : les massifs de vivaces résistent à la fin d’été, jaunes, bleus et mauves se mélangent, les mûres croulent sous leurs fruits violets et noirs. La vie reprend et j’ai le cœur serré de gratitude devant ses couleurs après le long tunnel de souffrance.

Lumière après le noir dévorant de la douleur physique. D’abord tremblotante, hésitante, progrès lents et puis non, de vrais progrès, et l’espoir en fond têtu.

LumièresCinq minutes que j’ai regagné mon fauteuil. Musique. J’avais oublié le vert tendre de l’herbe, son insolence pointue quand la tondeuse a oublié de sévir. Du vert, du jaune, du noir, du rouille aussi par les fenêtres de mon bureau. Je serai passée du printemps à l’automne, par-dessus un été trop difficile où les couleurs de la vie ne m’ont pas attendue.

Mais me voilà, de nouveau fidèle au poste, et pendant ces heures de la nuit où j’étais incapable de demeurer couchée, j’ai lu. Beaucoup lu. Bien sûr tout a été déformé par le prisme de la maladie, mais c’est intéressant de constater ce qui a résisté au laminage de la douleur.

Très prochainement je reprendrai mes chroniques littéraires, chers lecteurs. À pas comptés, ma main droite ne vole pas encore sur le clavier. Je donnerai sans doute moins de citations, les articles seront plus denses, je compte sur vos appréciations et messages d’encouragement pour ce qui reste une sorte de convalescence.

Shares

D’après une histoire vraie : vertigineux, subtil et roué

Shares

ViganRien ne s’oppose à la nuit m’avait troublée, fascinée, heurtée. Je n’ai pas eu envie de me précipiter sur D’après une histoire vraie, trop de battage médiatique. Et voilà que j’y suis revenue, et voilà que très vite j’ai été embarquée : impossible de se tromper, cette façon d’emballer le lecteur, de l’enrouler dans des éléments autobiographiques aisément identifiables et d’autant plus fallacieux dans leur apparente évidence, c’était du grand art, de la rouerie d’écrivain confondante !

Jubilation.

Résumons le propos : Delphine a mal supporté le succès de son livre précédent et de l’onde de choc qu’il a créée dans sa famille. Fragilisée, elle rencontre dans une soirée L., jeune femme qui lui ressemble beaucoup et qui réussit très vite à devenir une amie intime indispensable à son quotidien. L. est un écrivain fantôme, un ghost writer, un nègre pour célébrités, versant obscur de Delphine en pleine lumière. L. ne veut rencontrer ni François, le compagnon de Delphine, ni Louise et Paul, les enfants de celle-ci, ni aucun de ses amis. Durant cette période très particulière où L. prend le pouvoir, Delphine vit un moment de vacuité intense : ses enfants ont réussi leur bac et prennent leur envol, François réalise une série documentaire aux États-Unis et est souvent absent, de plus elle reçoit des lettres anonymes particulièrement violentes d’un membre de sa famille. Vacuité, déstabilisation familiale et personnelle, difficulté à écrire : dépression latente. Continuer la lecture

D’après une histoire vraie
Delphine de Vigan
JC Lattès, août 2015, 486 p.
ISBN : 978-2-7096-4852-3

Shares

Le grand marin, la liberté au prix fort

Shares

Le-grand-marinAvez-vous lu Le grand marin de Catherine Poulain, ces OVNIS littéraires, le livre et l’auteur, coqueluches des médias de l’année 2016 ?

Elle a débarqué dans le paysage parisien, petite femme aux traits marqués et aux mains comme des battoirs, elle semblait piégée sur le plateau de François Busnel, quand Dany Laferrière est venu à son secours. Elle est partie à vingt ans, elle étouffait à « Manosque les couteaux ». Elle a fait plusieurs métiers, de préférence difficiles, de préférence dangereux, des métiers qui engagent le corps autant que l’âme. Elle a pêché dix ans en Alaska, le summum du danger et de l’excitation. Catherine Poulain est revenue, elle vit sous une yourte où elle a écrit Le grand marin, condensé de son expérience et de sa vie. Le livre de sa vie : si surprenant, si prenant. Continuer la lecture

Le grand marin
Catherine Poulain
Éditions de l’Olivier, février 2016, 384 p., 19 €
ISBN : 9782823608632

Shares

La confrérie des chasseurs de livres : François Villon héros trouble

Shares

La confrérie des chasseurs de livresVoici une uchronie purement littéraire et souvent jouissive répondant à l’une des nombreuses zones d’ombre de l’histoire : qu’est devenu François de Montcorbier alias François Villon après la commutation, le 5 janvier 1463, de sa peine de mort par pendaison en dix ans de bannissement par le parlement de Paris ?

L’auteur imagine que le jeune roi Louis XI, admirateur du poète et conscient de ses dons pour dynamiter l’ordre établi, va utiliser sa renommée et son côté rebelle pour lutter contre l’influence du pape.

Notre poète mauvais garçon est libéré de son pourrissoir après un entretien avec l’évêque de Paris, émissaire du roi. Secondé par Colin, son acolyte coquillard râleur, le poète va entreprendre un long périple qui le mènera en Terre Sainte à la découverte d’une étrange société secrète juive, la Confrérie des chasseurs de livres. Elle existerait depuis des siècles, collectant aussi bien des écrits grecs anciens interdits par l’Inquisition que les dernières paroles du Christ. Cette puissante société secrète aurait des ramifications dans tout l’Occident, et elle entend bien dynamiter le pouvoir temporel du Pape.
Continuer la lecture

La confrérie des chasseurs de livres
Raphaël Jerusalmy
Actes Sud, août 2013, 320 p., 21 €
ISBN : 978-2-330-02261-7

Shares

Le silence de mon père, enquête journalistique et filiale

Shares

lesilencedemonpereLe silence de mon père est une quête du père à travers souvenirs et éléments troublants qui mènent l’auteur de quête à enquête. Il est vrai que nous ne connaissons de nos parents que le reflet laissé par notre enfance, que par les échos et souvenirs qu’ils ont bien voulu laisser franchir le mur du passé.

La journaliste d’investigation Doan Bui a mis longtemps avant de se plonger dans le passé de son père, médecin taiseux si différent de sa femme exubérante. Les parents d’origine vietnamienne semblaient s’opposer sur tant de points : le père n’avait jamais pu se départir de son fort accent vietnamien alors que sa femme avait fait ses études dans une école française et parlait le français sans accent. Leurs cinq enfants les rapprochaient, et leur volonté farouche de réussite scolaire ; la religion de l’école comme instrument d’insertion sociale. Continuer la lecture

Le silence de mon père
Doan Bui
L’Iconoclaste, mars 2016, 256 p., 19 €
ISBN : 979-10-95438-10-6

Shares